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Journaliste assassinée à Malte : quatre banques françaises et un fonds d’investissement visés par une plainte
L’ONG Sherpa et la Daphné Caruana Galizia Foundation ont annoncé ce lundi 5 octobre avoir déposé une plainte au parquet national financier en France contre quatre banques françaises et un fonds d’investissement pour des prêts à une société gazière à Malte, dont l’ex-directeur est mis en cause dans l’affaire de la journaliste assassinée en 2017.
Dans un communiqué, l’ONG et la fondation créée par la famille de la journaliste maltaise assassinée ont indiqué avoir demandé au parquet « d’ouvrir une enquête pour des faits de blanchiment aggravé de corruption, complicité et recel aggravé » à l’encontre de quatre banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Natixis et CIC) et du fonds d’investissement Rivage investment.
Le parquet financier a confirmé à l’AFP avoir reçu cette plainte, sans plus de détails.
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Sherpa, qui lutte contre les crimes économiques, et la fondation reprochent aux établissements d’avoir accordé, par l’intermédiaire de filiales ou succursales, des prêts à la société ElectroGas Malta Limited de Yorgen Fenech en novembre 2017 malgré « de forts soupçons de corruption entourant le marché de privatisation du gaz » à Malte et « malgré l’assassinat de Daphné Caruana Galizia », un mois plus tôt.
« Ces intermédiaires financiers sont pourtant soumis à des obligations de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, et se doivent notamment d’identifier les bénéficiaires effectifs des sociétés avec lesquelles ils font affaire », considèrent-elles.
« Ils auraient ainsi dû se rendre compte qu’ElectroGas était pour le moins mêlée au scandale de corruption révélé par la presse », ajoutent-elles.
Daphne Caruana avait été tuée dans l’explosion de sa voiture piégée le 16 octobre 2017 alors qu’elle enquêtait sur la corruption à Malte.
En creusant le volet maltais des Panama Papers, la journaliste avait révélé qu’une société de Dubaï, la 17 Black, aurait versé 2 millions d’euros à Keith Schembri, ancien chef de cabinet de l’ex-Premier ministre maltais Joseph Muscat, et à l’ancien ministre du Tourisme Konrad Mizzi.
Le consortium de journalistes Daphne Project, qui a repris ses enquêtes, a révélé que la 17 Black appartenait à Yorgen Fenech, riche homme d’affaires qui possède des hôtels et une écurie de chevaux de course en France.
Arrêté alors qu’il tentait de s’enfuir sur son yacht, M. Fenech a été inculpé en novembre 2019 de complicité dans le meurtre de la journaliste d’investigation. Trois hommes, considérés comme les exécutants, ont également été arrêtés.
En février dernier, le parquet national financier a ouvert une enquête pour vérifier si les activités économiques en France de M. Fenech avaient pu servir à corrompre MM. Schembri et Mizzi.
Deux mois auparavant, la famille de la journaliste et l’organisation Reporters sans frontières (RSF) avaient déposé une plainte auprès du PNF pour « complicité d’assassinat » et « corruption » visant les trois hommes.