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La marche des travailleurs à Béjaïa est celle de la confiance et de la solidarité
La marche des travailleurs à Béjaïa ce mardi 15 septembre pour dénoncer les licenciements abusifs est celle de la confiance et de la solidarité ouvrière. Analyse.
La marche des travailleurs du mardi 15 septembre à Béjaïa a, encore une fois, fait la démonstration de leur force qui grandit de jour en jour dans un climat économique et politique que l’Etat et le privé capitalistes veulent maintenir dans le musellement.
Cette fois, plus que les précédentes, des travailleurs, des délégués syndicaux, venus d’un peu partout de la wilaya de Béjaïa, et une délégation ouvrière symbolique de Samha de Sétif ont affirmé par l’acte leur solidarité à renforcer la conviction et la force de combat de ceux qui luttent actuellement pour leurs droits. Plus que jamais, ceux qui luttent aujourd’hui ne seront seuls.
Lire : Marche et rassemblement en solidarité avec tous les travailleurs licenciés à Béjaïa
La marche a signé l’acte de naissance d’un début de front progressif entre les travailleurs pour arracher leurs droits. Voilà, le sens de cette marche. Un pas de plus vers la Coordination de Combat des Travailleurs !
La délégation de Samha a ouvert la marche en prenant la pole position, armée d’une banderole sur laquelle on lisait : « Les travailleurs de Samha et Numilog, même combat ». Cette déclaration jette tout le sens de ce front de lutte à la figure des capitalistes. Chaque pas sur le pavé est une avancée solidaire notoire dans ce contexte de propagande idéologique bourgeoise qui tente de faire passer la misérable condition imposée à la classe ouvrière comme un simple incident collatéral temporaire d’ordre administratif, juridique et sanitaire du capitalisme. Non. C’est un fait historique qui relève de la nécessité du capitalisme à ne promouvoir ses propres profits qu’à la condition d’imposer à la classe ouvrière des licenciements, des baisses ou gels de salaires, des réformes de la retraite, plus de libéralisme économique en faveur du secteur privé…
Lire : Pour une solidarité active et effective avec les travailleurs en lutte
Si les travailleurs de Numilog jouent, aujourd’hui, le rôle de boussole pour l’ensemble du mouvement ouvrier algérien, cette marche vient amplifier la nécessité de marcher sur leurs pas. De plus en plus, des travailleurs entrent en confiance pour qu’eux aussi posent leurs problèmes et rejoignent la contestation actuelle : des salaires impayés à SOMACOB, ALRECC, GESI TP, FAGECO, ALCOVEL…, des licenciements en masse à OZGUN, CAPREF, GESI TP, CAA El Kseur (ex-CCB), abus d’autorité à BSA El Kseur, Briqueterie Sidi Aïch et Seddouk, EPB, les forêts, SADEG, absence d’un plan de charge à ALREC- FAGEO- Textiles et ENLIEGE, retard avéré dans la promulgation des différents statuts des secteurs de la Fonction publique dans l’Education, Forêts, Formation professionnelle, Corps Commun, Santé…
Les travailleurs commencent à ressentir l’effet magnétique du courage et de la détermination de ceux de Numilog. La marche d’aujourd’hui est le résultat d’un appel aux délégués syndicaux de l’union de wilaya de Béjaïa – UGTA qui a trouvé un écho dans le profond sentiment de convergence d’intérêts ouvrière. La marche du 21 septembre prochain ne fera que consolider ce sentiment de convergence et imposer un meilleur rapport de force pour la satisfaction de toutes leurs revendications.
Cette marche est aussi celle de la visibilité à l’intérieur d’une société soumise quotidiennement au matraquage de l’idéologie bourgeoise : « Les travailleurs sont des fainéants », « Les travailleurs sont à l’origine de la faillite des entreprises », « Les travailleurs sont des moutons et que c’est à cause d’eux que nous vivons dans la dictature »…
Tout décrit, aujourd’hui, cette diabolique velléité bourgeoisie d’éteindre toute conscience de classe des travailleurs pour libérer le chemin à la briganderie capitaliste dont les milliers de scandales avérés de détournement, de corruption… ne font qu’en révéler une infime partie. Les travailleurs montrent bien qui est bien l’agneau qui danse pour le loup, qui est la béquille du système capitaliste, en démasquant les justifications irrationnelles des jupitériens bourgeois.
La visibilité des travailleurs est grandissante. Elle capte de plus en plus des pans entiers de travailleurs, de syndicalistes et leurs syndicats respectifs, de franges importantes des pauvres de la société, derrière l’étendard de leur cri de colère, de leur détermination à ne pas s’arrêter jusqu’à la victoire.
Mourad Bouaïche