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Complexe agro-alimentaire d’El-Kseur (CAA, ex-CCB) : licenciement massif des travailleurs
La zone industrielle de la ville d’El-Kseur (Béjaia) est décidément devenue une niche de patrons sans scrupule où les droits des travailleurs sont impunément bafoués, une mini-République de non droit. Des centaines de travailleurs, sans protection aucune, se font exploiter au quotidien et licencier selon le bon gré des patrons.
En pleine pandémie Covid-19, le Complexe agro-alimentaire d’El-Kseur (CAA, ex-CCB), sis à la zone industrielle d’El-Kseur (Béjaïa), a procédé au licenciement de quelque 96 travailleurs, dont 23 au mois de février et 72 au mois d’août, sans aucun motif.
Rien ne peut justifier ce licenciement des travailleurs, puisque le Complexe agro-alimentaire d’El-Kseur (CAA, ex-CCB) est très rentable, y compris en pleine pandémie Covid-19. Ce licenciement a touché presque un quart des effectifs de l’entreprise qui compte environ 400 salariés.
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Selon certains travailleurs, les travailleurs licenciés sont en majorité officiellement sous Contrat à durée déterminée (CDD) mais cumulent en réalité des années de travail allant de 2 ans à 7 ans. Certains contrats de travail n’ont pas encore expiré.
Pis, l’employeur a fait signer aux employés licenciés un document de fin de contrat, un document qui n’a pas de valeur légale, et dont l’objectif est de faire croire aux travailleurs qu’ils n’ont aucun droit ou indemnités à faire valoir.
Les travailleurs licenciées sont désemparés et ne comprennent pas les raisons de leur licenciement abusif, d’autant que l’entreprise se porte bien financièrement, la marchandise produite étant écoulée, y compris en pleine crise sanitaire.
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Le CAA (ex-CCB) fabrique plus de 700 tonnes d’aliments de bétails par jour en 3/8 et 100 tonnes de farine boulangère par jour. Le secteur n’a pas été touché par la crise, d’autant que le patron de l’entreprise possède 1 million de poulettes dans la région de Ain Defla. Une bonne partie de la production est alors écoulée sans difficulté. L’entreprise dispose également de 24 silos d’une capacité de 6 000 tonnes chacun, qu’elle loue à près de 150 millions de centimes par mois à des importateurs.
Cette affaire de licenciement montre encore une fois que nos patrons sont sans scrupule, se comportent comme des colons et prennent les ouvriers pour des indigènes. Les salariés ont travaillé pendant des années comme des saisonniers, avec des salaires de misère et construit la richesse de l’entreprise.
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Selon nos sources, les travailleurs de l’entreprise vivent dans un climat de terreur, d’autant qu’ils n’ont pas de couverture syndicale. Le syndicat est strictement interdit. Celui qui ose en parler sera traqué et licencié sur le champ. Pour le patron qui agit comme un contremaître du XIXe siècle, le travailleur ne doit jamais relever sa tète. « Nous sommes considérés comme des bêtes », témoigne un salarié qui a travaillé dans cette entreprise pendant des années et victime de l’arbitraire patronale.
Samir Larabi