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Ibelkissene Toufik : « La crise de liquidité en Algérie est une crise systémique »
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Ibelkissene Toufik : « La crise de liquidité en Algérie est une crise systémique »

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Ibelkissene Toufik : « La crise de liquidité est une crise systémique »

L’économiste, chef d’entreprise et membre du bureau FFS France-Nord, Toufik Ibelkissene, revient dans cet entretien sur la crise de liquidité qu’il impute à la structure de l’économie algérienne et aux erreurs de gestion et qui révèle la fragilité du système algérien.

Entretien réalisé par Idir Farès

DzVID : Le Président Abdelmadjid Tebboune a instruit, le 2 août dernier, le premier ministre, Abdelaziz Djerrad, d’ouvrir une enquête sur le manque de liquidité constaté dans certaines agences de banque ainsi que certains bureaux de poste. Comment expliquez-vous cette intervention ?

Toufik Ibelkissene : Je pense que le président actuel, comme d’ailleurs son prédécesseur, joue, à l’accoutumée, la politique de l’autruche en faisant diversion par l’agitation du spectre de la main invisible qui serait derrière tous nos malheurs. Personne n’ignore que l’objectif est toujours d’occulter les causes réelles d’une telle situation, éminemment liées à la gestion catastrophique des affaires de l’Etat, au risque d’aggraver la crise.

J’estime que c’est une instruction inopportune qui alimente la suspicion et discrédite davantage la fonction présidentielle dont il se serait bien passé pour le bien de notre économie et le bon fonctionnement des institutions de la République. C’est une démarche qui est de nature à favoriser l’exacerbation des peurs et à l’accentuation du sentiment de méfiance des agents économiques, des ménages notamment, envers les autorités et bien évidemment de leur capacité à enrayer les causes réelles de la crise de liquidité.

« S’il y’avait matière à enquêter, les services de sécurité, habilités à prendre en charge les menaces qui guettent au quotidien la sécurité nationale, auraient agi, sans instruction, pour déjouer une telle entreprise de sabotage dont serait victime l’économie nationale. »

D’autant plus que, s’il y’avait matière à enquêter, les services de sécurité, habilités à prendre en charge les menaces qui guettent au quotidien la sécurité nationale, auraient agi, sans instruction, pour déjouer une telle entreprise de sabotage dont serait victime  l’économie nationale. A défaut, c’est à la Banque Centrale d’Algérie, garante de la gestion de la masse monétaire en circulation, d’apporter les solutions idoines afin de stabiliser le système et permettre une disponibilité suffisante des liquidités dans le circuit économique national.

Se faisant, il confirme l’absence de toute motivation du régime de mettre en place un système de gouvernance basé sur une gestion objective des affaires courantes de l’Etat et de rompre avec les vieilles méthodes.

En somme, le pouvoir illégitime et anti national de Tebboune s’enferme dans sa tour d’ivoire et continue de prendre les Algériens pour des éternels mineurs et fait fi de leurs aspirations profondes à vivre dans la dignité et dans un Etat démocratique qu’ils ne cessent de revendiquer depuis le 22 février 2019.

Vous estimez que le manque de liquidité est lié à d’autres raisons que celles évoquées par le Président Abdelmadjid Tebboune ?

Toufik Ibelkissene : Les attaques dont une économie peut faire l’objet sont multiples et sont intrinsèquement liées à la concurrence internationale. Une guerre sans merci s’impose quasiment à toutes les économies nationales. Il revient aux Etats de mettre en place en ex ante un cadre structurel protecteur qui intègre ces problématiques dans la culture de gestion courante des affaires de l’Etat de manière générale et des organisations économiques publiques et privées en particulier. Il importe de se donner en ex post une agilité organique pour la prise en charge immédiate des chocs conjoncturels afin de diminuer leur impact négatif.

La crise de liquidité renvoie à la gestion catastrophique des affaires de l’Etat

La crise de liquidité est un phénomène inhérent aux économies contemporaines : la crise financière mondiale de 2008 dite crise des subprimes est une crise de liquidité provoquée par une conjoncture économique défavorable au marché américain de l’immobilier. Elle s’était par la suite propagée via des montages financiers obscurs à tout le système économique mondial.

Il s’agit d’un dysfonctionnement qui conduit à la baisse d’une partie de la monnaie centrale détenue par les banques à un niveau où la masse monétaire en circulation ne suffit plus à faire face au niveau de transactions réelles permettant de soutenir les fonctions basiques et essentielles à l’économie, à savoir l’offre et la demande. Celle-ci évolue en fonction de la conjoncture économique et de la politique monétaire de la banque centrale.  

Quelles seraient, selon vous, les causes du manque de liquidité en Algérie ?

Toufik Ibelkissene : Le problème de liquidité est le résultat d’une conjonction de plusieurs facteurs et dont les plus importants sont générés par la structure de l’économie algérienne et les erreurs de gestion. Bien évidement, la crise sanitaire du Covid-19 a accentué le phénomène et a sorti au grand jour sa faiblesse à faire face et à anticiper ce type de chocs conjoncturels, qu’ils soient endogènes et /ou exogènes :

Il faut rappeler que la chute des prix du baril de pétrole depuis 2014 a entraîné dans son sillage les finances publiques de l’Algérie et a impacté fortement et progressivement la liquidité bancaire. Comme l’économie algérienne est mono-exportatrice, à 97% des hydrocarbures, elle est, de fait, tributaire de l’environnement économique mondial. Cette baisse a entraîné avec elle la baisse des réserves de change, seul levier conventionnel dont dispose la Banque centrale pour créer de la monnaie centrale conventionnelle en convertissant les devises reçues des ventes des hydrocarbures en monnaie nationale (la liquidité du système bancaire algérien est en relation directe avec le niveau des réserves de change et toute modification de ces dernières entraînera la baisse de la liquidité).

Rappelons que le gouvernement Ouyahia, en recourant à la planche à billet, avait injecté dans le circuit plus de 44 milliards d’euros entre 2017/2019 ; il avait pu freiner momentanément les effets de la baisse et avait permis à l’économie nationale de bénéficier artificiellement d’un niveau de liquidité suffisant pour fonctionner, en espérant une reprise des cours du baril de pétrole. Ceci a bien entendu était mené au détriment de l’explosion de la dette publique interne et de l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. C’est le même pari risqué qui est pris par le gouvernement Djerrad, mais cette fois-ci dans le sens opposé. Il met fin brutalement en début d’année au financement conventionnel, sans prise en compte des besoins de l’économie nationale. Cela précipite la chute des niveaux de liquidité dans le circuit économique. Selon les données de la Banque Centrale d’Algérie, celle-ci a atteint plus de 42% depuis fin 2019, en dépit de la baisse à deux reprises de son taux de réserves obligatoires ramené de 10% à 6%.

« Les sommes brassées par les circuits parallèles sont estimées à environ 60 milliards d’euros, détenues en grande partie par la mafia politico-financière que les récentes purges claniques a poussée à réduire certaines de ses activités et à faire fuir une partie de ses capitaux à l’étranger. »

Ensuite, cette crise est aussi le résultat d’une économie parallèle importante et d’un comportement rationnel des agents économiques, les ménages notamment :

L’économie est une science sociale et le comportement des consommateurs se modifie au gré des fluctuations de leur environnement. Ainsi, face à un environnement politique et économique incertain, et n’accordant plus aucune confiance aux autorités du pays, les ménages diminuent leurs dépenses de consommation et augmentent leur épargne de précaution : la culture bancaire étant rudimentaire et les moyens de paiement électroniques encore au stade du balbutiement, cette épargne se traduit alors par la hausse de la thésaurisation.

On assiste depuis plusieurs décennies à l’expansion d’une économie parallèle qui offre la possibilité de détenir et d’échanger des sommes colossales en dehors de tout circuit légal sans pour autant être inquiété. Les sommes brassées par les circuits parallèles sont estimées, selon le président du FCE Mohamed Sami Agli, à environ 60 milliards d’euros, détenues en grande partie par la mafia politico-financière que les récentes purges claniques ont poussée à réduire certaines de ses activités et à faire fuir une partie de ses capitaux à l’étranger.

Un volume important de l’épargne qui devrait se trouver dans le circuit bancaire demeure dans le marché parallèle, il représente la moitié de la totalité de l’encours bancaire du crédit à l’économie.

En outre, la crise de liquidité est la résultante d’un verrouillage d’origine politique des institutions locales. La Banque Centrale d’Algérie ne joue plus son rôle de gestionnaire de la masse monétaire en circulation et de garant de la régulation de la liquidité de l’économie. Ceci relève pourtant de ses missions principales conférées théoriquement par la Loi sur la monnaie et le crédit. En pratique, elle est réduite au rôle d’instrument d’accompagnement des décisions politiques qui sont assez souvent déphasées par rapport aux impératifs économiques.

Enfin, je pense que la crise de l’illiquidité est la conséquence des décisions prises sciemment par les autorités pour faire face à l’érosion des réserves de change et équilibrer les comptes extérieurs. Combinée à la dépréciation du dinar, supposée relancer une hypothétique production nationale quasi inexistante, elle permettrait de réduire la demande intérieure et baisser les importations. De manière générale, la crise de liquidité est une crise systémique qui se transmet de facto à tout le système économique et impacte finalement la consommation, la production et, par-delà, l’emploi et le pouvoir d’achat. C’est un cercle vicieux qui intègre l’ensemble du tissu économique ; d’où sa qualification de mère des crises.

Entretien réalisé par Idir Farès

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ben
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2 années plus tôt

L’Algérie est gérée comme une petite épicerie de quartier. Et nos dirigeants, incompétents et médiocres, sont dans une incapacité criarde à
« Régler » le moindre problème qui se pose à la  » grande oumma algérienne ». La même « méthode » utilisée : Khali lbir begh tah. Bien sur, tout ceci est la faute de la main étrangère. Circuler, il n’y a rien à voir.

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