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Grève du port de Béjaïa : vers la criminalisation de l’activité syndicale !
La grève illimitée des travailleurs du port de Béjaïa entame ce 2 août son 14e jour. Si la revendication des grévistes est le départ immédiat et inconditionnel du premier responsable de l’EPB, le mouvement de grève porte en lui cette volonté profonde de mettre un terme à une gestion autoritaire qui règne depuis des décennies.
Une gestion qui n’a jamais tenu compte des revendications des collectifs des travailleurs, à savoir un cadre de travail amélioré, des salaires décents et une visibilité sur l’avenir de leur entreprise. Un avenir improbable à cause d’une gestion hasardeuse et des investissements non judicieux que les chiffres positifs annoncées ne peuvent plus cacher. La preuve est donnée par cette politique d’austérité salariale imposée aux travailleurs en s’appuyant sur un texte qui date de plus de 20 ans et qui n’est pas appliqué dans les autres entreprises portuaires.
Lire : Béjaïa : le PAD salue la mobilisation des travailleurs du port
Certes, à la lumière des expériences syndicales précédentes, il faut éviter ces revendications liées au départ du premier responsable de l’entreprise, car cela débouche généralement sur un conflit très dur et interminable. Mais les travailleurs ont-ils vraiment eu le choix ? Malheureusement non.
La situation d’aujourd’hui incombe entre autres au PDG actuel qui, par ses pratiques, a fermé tous les horizons possibles pour éviter un conflit dur et de cet ampleur. Son mépris de classe l’a aveuglé et son amateurisme l’a empêché de réaliser l’ampleur de la grogne sociale dans sa propre entreprise qu’il gère depuis des années. Peut-il continuer à gérer cette entreprise dans ces conditions ? La réponse est non car il a perdu la confiance de la majorité des travailleurs, comme l’attestent le PV du huissier de justice et les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.
Certains veulent faire porter le chapeau au syndicat du port et au collectif des travailleurs accusés de vouloir casser l’entreprise et bloquer l’économie locale. Ils ont oublié sciemment que ce sont eux les véritables producteurs de richesses et qui travaillent jours et nuits pour répondre au besoin des opérateurs économiques. Ils sont la pierre angulaire de cette entreprise économique qui a vu défiler plusieurs responsables. Celui qui ignore cette réalité est aveugle et participe objectivement à ce blocage de la situation. C’est celui qui prend partie contre la majorité des travailleurs du port qui veulent faire perdurer cette crise structurelle au sein de l’ETB et de nos entreprises économiques (publiques ou privées).
Aussi, derrière cette campagne anti-travailleurs et anti-syndicat, se cache cette volonté fascisante d’en finir avec la résistance ouvrière au profit d’un ordre social népotique et esclavagiste. Leurs tentatives de criminalisation des grèves du port et de Numilog en sont des cas édifiants.
L’édification de cette véritable société démocratique et sociale que nous voulons ne peut se réaliser sans les travailleurs et sans le respect des libertés syndicales. Des socles qui font partie de ce log processus historique d’émancipation du peuple algérien depuis le mouvement national, de la révolte d’Avril 1980 et le processus révolutionnaire enclenchée en février 2019.
Toute notre solidarité avec les travailleurs du port de Béjaïa et Numilog.
Pour le respect des libertés syndicales.
Samir Larabi