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Ahmed Ouyahia, l’arrogant enchaîné (garzen as taziba)
Qui aurait pu imaginer ça ! Personne ne pouvait, il y a encore quelques moins, envisager qu’un jour Ahmed Ouyahia, le ministre arrogant et imbu de sa personne, serait menotté comme un vulgaire malfrat et encadré par des gendarmes comme un dangereux terroriste ! L’image restera certainement dans les annales politiques algériennes.
Natif de Bouadnane, village haut perché au sommet du Djurdjura, l’ex-Ppremier ministre algérien, Ahmed Ouyahia l’arrogant, se retrouve après 50 ans de « bons et loyaux service » au profit de la junte militaire, au bas de l’échelle, traîné dans la boue par ceux-là mêmes qu’il a tant servi. Terrible retournement de situation.
Élève de l’ENA (École nationale d’administration), Ouyahia se retrouve très vite dans les arcanes du pouvoir. Après un passage de diplomate au Mali, il est propulsé au devant de la scène politique algérienne et devient un pilier du régime despotique algérien. C’est Liamine Zeroual qui fait appel à lui pendant la décennie noire. Depuis son premier poste de ministre en 1994, Ahmed Ouyahia n’a jamais quitté le pouvoir. La dictature d’Alger avait tellement besoin de ses talents d’orateur et de son culot manipulateur qu’elle le garde dans toutes les circonstances. Ahmed Ouyahia se définissait lui même comme l’homme des « sales besognes ». C’est lui qui a enclenché l’opération « mains propres » sous Zeroual pour mettre des centaines de cadres en prison. C’est lui qui a inventé l’expression « terrorisme résiduel » alors que les villages de la Metidja se font massacrer par centaines. C’est Ahmed Ouyahia qui demandait a « ses » citoyens de s’abstenir de manger du yaourt. Il a même laissé une phrase : Affame ton chien, il te suivra !
C’est encore lui, Ahmed Ouyahia, qui devient ministre de la justice sous Bouteflika alors que la gendarmerie et la police algérienne ont abattu 127 manifestants Kabyles lors des tragiques événements du Printemps noir de 2001. C’est encore lui qui reçoit les délégués des Archs (mouvement citoyen de Kabylie) et qui réussit à détruire une mobilisation inédite dans l’Algérie postindépendance.
De ministre de la Justice et celui de premier ministre ou de conseiller spécial, Ouyahia a fait partie de tous les gouvernements de Bouteflika pendant 20 ans. Son image de kabyle a été utilisée grandement par le pouvoir pour mater sa region natale. D’ailleurs, c’est lui même qui décrète la généralisation de la langue arabe le 5 juillet 1998, soit 10 jours après l’assassinat du chanteur kabyle Lounes Matoub. D’ailleurs la vérité sur cet acte est toujours à chercher.
Il est clair que le procès de l’ex-Premier ministre n’est ni transparent ni impartial, c’est un procès-scénario pour sacrifier des figures du régime pour sauver le Régime, sauf que l’Histoire est impitoyable. Ceaușescu, le dictateur romain qui exécutait les opposants a été exécuté par la révolution.
Dans son album-testament, le rebelle n’a pas mâché ses mots contre celui qui est devenu l’archétype du qualificatif de Kabyle de service. 22 ans plus tard, le Kds se retrouve enchaîné et traîné dans les abîmes. À l’enterrement de son frère, mort d’une crise cardiaque lors de son audience, Ahmed Ouyahia n’était pas paré de bijoux mais de menottes aux mains.
Ay agujil b awal
T¥iled tsar ak id yu¥al
Mi s tennid n3arbuha !
Iy i¥aden d Vu3adnan
D yergazen at lvadna
Wissen At Yenni ma stufan
I lev¥ik ad dumen amkan
Ak d gerzen taziba.
Traduction :
Toi, l’orphelin de la parole
Tu croyais qu’ils vont te valoriser
Quand tu as décidé l’arabisation ?
Je plains ton village, Bouadnane
Et les hommes de grands secrets (de grandes valeurs)
Peut-être les Ait Yenni* auront le temps
Pour préparer un siège à tes envies
Ils te feront un beau collier en argent
Lounes Matoub
(*) At Yenni, region natale de Mouloud Mammeri, père de la revendication berbère, et de Idir, l’icône internationale de la chanson kabyle. At Yenni est connu surtout pour l’artisanat et la fabrication de bijoux kabyles à base d’argent.
Ahviv Mekdam
Bien que Matoub eut chanter Ouyahia et toute la smala , mais existe t il un autre prisonnier auquel on a accordé cette faveur d’assister à l’enterrement d’un proche ? NON !!!! Aucun cas n’à été recensé. Par conséquent même en l’état , Ouyahia à eu ce privilège par les pouvoirs publics.Qui en a décidé ?
Y’a t il pire situation que de voir tant de tombes profannees dans un pays où le cimetière reste un lieu de recueillement ?
Beau article mais tres regionaliaste oublions un peu ce regionalisme qui divise trop en ces temps et raisonnons un peu algerien en ces temps difficiles je crois selon mon avis personnel que c est plus sage un plaisir de vous lire
Si la justice était pour tout le monde on aurait savouré cette image mais des voleurs connus ne sont pas inquiétés par la justice, en commençant par zoukh sidi-said saadani etc… je dirais que c’est une mise en scène macabre lors d’un décès d’un homme integre.
Il ya une erreur, il ya encore quelques mois et non pas il ya encore quelques moins. Merci