Culture
Aït Menguellet chante pour les détenus et les soignants
Fidèle à son engagement, Lounis Aït Menguellet reprend encore la parole pour dédier une chanson aux détenus d’opinion, aux professionnels de la santé ainsi qu’à toutes les personnes qui sont en poste en ces temps de confinement.
« Je dédie cette chanson à vous tous, comme je la dédie aux détenus que nous ne devons pas les oublier », indique Aït Menguellet.
« Je dédie également cette chanson à tout le personnel soignant à qui je dis merci pour tout ce que vous faites », ajoute sagement et humblement le poète.
Lire : Le soutien d’Aït Menguellet aux détenus d’opinion
Lounis Aït Menguellet a repris sa guitare pour régaler les fans de la poésie avec son immortelle chanson « Yenna-d wemγar » (la traduction est d’Ahmed Ammour). Ecoutez ci-dessous ce beau texte d’une grande profondeur.
Dis-nous, vieux sage…
Pourquoi le monde s’affole
L’erreur l’emporte sur le bon sens
Où s’arrêtera le fléau
Quand les hommes s’entretuent
Le ciel même a changé
Ceux qui se souviennent le disent
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer?
On voit ce que les époques ont bâti
Disparaître sans laisser de trace .
Au point où de ce qu’il y a de meilleur
Il nous demande de nous détourner
Le mal s’impose et scintille
Ils l’honorent et le glorifient
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer ?
La justice qui existait
Est détournée par l’arbitraire
Qui sait si elle vit encore
Ou ne survit que son nom
Comment la justice peut-elle être
Si nos gouvernants l’ont oubliée
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer?
Le pauvre se plaint
Comment peut-il affronter la vie
Les nantis l’ignorent
T out occupés à leur bonheur
Le sage observe
Étonné de ce qui arrive
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer ?
Notre désir de beauté s’estompe
La saveur d’antan n’est plus
Amenuisée par l’excès de malheur
Oubliant jusqu’à son chemin
Aujourd’hui que nous le comprenons
Nous ne pouvons qu’en rêver
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer?
Lire : Aït Menguellet au milieu des marcheurs à Tizi-Ouzou
La force nous a abandonnés
Cette force qui aurait changé les cours
Le jeune qui voit
Est démuni de sagesse
Il accorde valeur et importance
A ceux qui le jugent et le trahissent
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer?
A chaque purification, nous nous souillons
La paix venue nous nous entretuons
Comment se faire entendre
Par les lavés du cerveau
Qui de loin regardent
Et ont foi en ceux qui les méprisent
Dis-nous vieux sage
Qu’est-il en train de se créer?
Le vieux sage a dit…
Le vieux sage,
Interpellé,
Que nous dira-t-il ?
Que nous a- t-il dit ?
Il a dit : ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n ‘y a rien qui se crée
Le ciel, tel une toiture
Recouvre le monde
Et l’observe
Depuis sa création
Il a vu les jours
Construire les siècles
Il a vu le passé
Et voit le présent
Il a vu les hommes
Tuer des hommes
Il a vu les erreurs des hommes
Et voit les hommes persister dans l’erreur
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
Ce que l’époque construit
L’époque le détruit
Ce qui était bien
Devient mal
Ce qui était mal
Devient bien
La vie tourne
Et distribue les tours
Après le mélange tout se purifie
A ce qu’ils disent
Mais n’émerge que
Ce que nous n’attendions pas
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
Justice n’est qu’un mot
Compagnon de l’utopie
Combien la cherchent
Et ne la trouvent jamais
L’arbitraire est ancien
Il est à l’origine du monde
Il vit en vous
Nourri par votre peur
Grâce à lui, paraît
Celui qui veut paraître
Et dès qu’il peut vous nuire
Vous le vénérez
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
Le pauvre est à plaindre
Qui ne trouve le sommeil
Les peines le terrassent
Et lui rongent les os
Le riche est à plaindre
Il possède trop
Les biens qu’il possède,
Il en devient fou
Le sage est à plaindre
Cerveau tourmenté
Ceux qui le voient
Ne le comprennent pas
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
Merveilleuse est la beauté
Pour celui qui est jeune
Il l’observe
D’un autre regard
Elle attend que change
Le sens du regard
Mais le jeune est ébloui
Et la beauté désespère
Ce n’est qu’en vieillissant
Qu’il se met à sa recherche
Espérant la voir
Alors qu’il n ‘y a plus d’espoir
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
Quand la force est présente
La sagesse est absente
Quand la sagesse est présente
La force n’est déjà plus là
Les erreurs de la jeunesse
Sont les regrets de la vieillesse
Ceci est et sera
Et reste incontournable
Celui qui a soif de paix
Ne trouve pas sa trace
Celui qui possède la paix
En ignore le prix
Ce qui se produit
Même si c’est autrement
S’est produit jadis
Il n’y a rien qui se crée
D’eau pure
Vous vous lavez
L’eau est souillée
Et vous êtes purifiés
Vous souillez ceux
Qui vous veulent la pureté
Vous enlevez toute entrave
À ceux qui cultivent le mal
Pourquoi cherchez-vous
À tout comprendre
Restez comme vous êtes
Vous êtes comblés.
Tu ne fais que vendre des chimères comme tous les artistes. Pour soutenir, il faut être avec et sur le terrain, sinon gagne ta croûte et tais-toi !
Un respect à cet homme humble , qui a toujours défendu son Algerianite. Durant toute sa longue carrière Da Lounis n’a jamais quitté les siens et ne s’est jamais dérobé comme certains. Il a fait sa carrière, il a fait sa vie en construisant la vie des autres. Un grand Monsieur avant d’être un grand artiste.
da lounis a toujours été fidèle à son pays,sa patrie, sa langue , tous les Algeriens , il n’a pas manqué à le demontrer par un grande sagesse, malgré sa timidité aux entretiens et interviews ,le quota d’insuline déjà ramené pour les malades diabétiques en est un, notre école pour la génération de post-indépendance.