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Béjaïa : Ihaddaden, un exemple d’auto-organisation !
Vendredi 27 mars, je reviens de la salle des fête « Vie la Joie » transformée en centre d’accueil pour les sans domicile fixe et en lieu de restauration pour les travailleurs précaires.
On ne peut que s’incliner devant le dévouement de toutEs les volontaires du quartier 1000 logements d’Ihaddaden, à Béjaïa, pour leur humanisme et le génie de leur auto-organisation. Car ils ont pu apporter leur pierre dans la lutte contre la pandémie en maintenant la flamme du Hirak dans sa version la plus sociale, jetant ainsi les bases de l’Algérie de demain.
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Recherche des SDF, les convaincre de l’utilité de la prise en charge, les soumettre au protocole en commençant par un bain dans les douches du quartier, une visite médicale au niveau de la polyclinique, les coiffeurs du quartier qui se sont mobilisés, installation dans les espaces aménagés dans la salle, leur offrir un repas, les rassurer, organiser l’hygiène et expliquer les mesures de prévention.
Ils accueillent les citoyens qui viennent livrer les aides alimentaires, vestimentaires, logistiques…. Une seule règle à cela pas d’argent, juste des dons en nature.
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A midi, des repas sont offerts sur l’esplanade de la salle « Vie la joie » aux travailleurs précaires qui sont obligés de travailler pour nourrir leurs familles dans le respect des règles de distanciation et loin des espaces confinés. Tout cela dans un climat d’autoformation à la prise en charge psychologique sur le plan social.
C’est cela le travail d’auto-organisation des camarades d’Ihaddaden, à Béjaïa, encadrés par Abdenour, Fahim, Fodil, et d’autres animateurs du quartier à l’image de leur association. Cet engagement s’inscrit dans la continuité du processus révolutionnaire, il s’inscrit dans la continuité du travail d’organisation (Carré des vendredi, Espace de débat populaire les mardi et jeudi).
Les jeunes de l’association sont épaulés par les volontaires du Croissant-Rouge, orientés par des militants de longue date, issus du combat pour la liberté, la dignité et la justice sociale. C’est une page mémorable du combat pour une société juste et solidaire qu’ils sont en train d’écrire. La flamme du Hirak est ainsi maintenue et elle reprendra de la plus belle des manières car l’idéal de justice sociale aura été concrétisé en l’espace de cette bataille contre la pandémie.
Ce sont des militants qui ne médiatisent pas leur travail, ils le font seulement ! Ils construisent la solidarité populaire loin des caméras des chaînes « Z’égouts » et des fanfaronnades sur Facebook.
Alors si vous avez une personne sans domicile fixe orientez-là en contactant l’association d’Ihaddaden ou Fahim. En attendant la réquisition des hôtels et autres espaces plus adaptés, les plus démunis d’entre nous sont les bienvenus.
Il faut noter que beaucoup d’initiatives sont en cours et qu’il faudra les coordonner et en faire des exemples face à un pouvoir qui utilise notre trêve pour accentuer la répression.
Kamel Aïssat