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11e festival de la chanson kabyle : hommage à Djamila
La chanteuse et animatrice radio Djamila, disparu le 29 octobre 2019, a été à l’honneur de la 11e édition du Festival local de la culture et chanson kabyle ouvert hier jeudi 5 mars dans l’après-midi, au théâtre régional de Béjaïa, qui lui a rendu un hommage émouvant.
Les témoignages rapportés à l’ouverture du Festival sur la vie de la chanteuse Djamila ont ému a plus d’un titre, d’autant que l’artiste a connu de grandes épreuves dans son existence, notamment un mariage précoce, un divorce, une vie sans enfants, l’exil et d’autres.
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« J’ai les larmes aux yeux », raconte, bouleversée, la chanteuse Malika Doumrane, venue expressément de France pour honorer sa mémoire et dérouler certes sa vie de femme mais surtout sa vie d’artiste, ses passions, sa ténacité et son audace.
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Djamila, en pratiquant son art en tant qu’auteure et interprète, dès les années 1930, n’en a pas laissé un patrimoine et un héritage mais a ouvert la voie à d’autres artistes féminines, venues lui emboîter le pas et prendre exemple sur sa démarche artistique à un moment où la pratique de la musique n’était pas tolérée, y compris pour les hommes.
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Mais Djamila à « dépassé sa condition et brisé des tabous en faisant montre d’un talent insolent », a expliqué Malika Doumrane, déplorant qu’elle soit partie, certes avec la reconnaissance mais dans un quasi dénuement et obligée sur le plan matériel de prendre précocement sa retraite.
La relayant au micro, Ljida Tamejtouht, une autre voix sublime de la chanson Kabyle, et issue de la génération d’après, n’en pense pas moins expliquant l’impact du passage de l’artiste disparue à la radio dans l’émission, « Thamaghra el Khalath » (Fête de femmes), contribuant à l’éclosion d’une myriade de voix féminines, quelques une s’étant faite un nom et une réputation l’essentiel néanmoins s’étant contenté d’animer dans leur localité ou leurs régions, les fêtes de mariages ou de circoncision.
Nna Ljida a rebondi sur son parcours de comédienne soulignant notamment sa participation au film de Lakhdar Hamina, « Chronique des années der braises ». mais la chanson, dira-t-elle est restée sa grande passion. Certains titres restant toujours d’actualité et siège d’un grand succès à l’instar de « Wallagh Ifaroudjène », chantée en hommage à la JSK, « Arnouyas Amane à Khali » ou encore « Yefrari was » (Le soleil s’est levée).
Pour illustrer la puissance de sa voix et de ses textes, Nna Ljida a dû gratifier le public d’une merveilleuse reprise de Djamila, « A sidi L’wali », chantée à Capella sous forme d’achawik (Chanson mélancolique) et qui n’a pas manqué d’ajouter à cette séance inaugurale une poigne d’émotion.
Trois heures durant, l’hommage a été rythmée par cette indicible émotion. Outre les témoignages, tout le plateau concocté à l’occasion a été une dédicace à la mémoire de cette grande dame et une reconnaissance de son talent. Ainsi tour à tour, les nouvelles étoiles montantes de la chanson Kabyle, notamment Rahima Khalfaoui, Drifa, Mounia Ait Meddour, se sont relayées pour interpréter des morceaux de son immense répertoire, laissant la vedette cependant à Nadia Rayhan et Na Ljida qui ont fait des tours de chant d’une dizaine de chansons.