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Me Aïssa Rahmoune : « Tebboune n’a aucun pouvoir »
Me Aïssa Rahmoune, vice-président de la LADDH, revient dans cet entretien à DzVID sur la situation des droits de l’homme en Algérie et sur l’état des libertés à l’ère du hirak et estime que le président Abdelmadjid Tebboune n’a aucun pouvoir pour changer l’ordre des choses.
DzVID : Où en est le hirak, une année après ?
Me Aïssa Rahmoune : Au bout d’une année de combat pacifique sans concession et non-stop, on peut dire que le peuple algérien a voyagé dans le temps et a gagné beaucoup de batailles. La révolution du sourire est la troisième victoire dans le long combat du peuple algérien après sa guerre armée contre le colonialisme et sa résistance contre le terrorisme.
Aujourd’hui, le peuple se réconcilie avec son histoire, se reconstruit et se définit loin des labos du système et de ses appareils. On dit : « Quelle que soit la vitesse d’un mensonge, un jour la vérité le rattrapera ».
Le peuple s’est réapproprié la mémoire des Abane Ramdane, Krim Belkacem, Aït Ahmed, les Amirouche, les Boudiaf, Ali la Pointe qu’il a revisitée et célébrée loin de l’historiographie officielle.
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Nos différences identitaires, historiques, culturelles, religieuses, politiques qui ont tant été instrumentalisées par le pouvoir ont été réinvesties par le peuple qui a su en faire une fierté et une richesse. Aujourd’hui, le mot d’ordre le plus répandu, c’est l’Union face à toutes les « bandes-issabat » !
Qu’en est-il du dossier des détenus ?
Me Aïssa Rahmoune : Il y a à mon avis quatre catégories de détenus : premièrement, les détenus politique qui éclairent et décryptent les enjeux politiques comme Karim Tabou, Fodil Boumala, Lakhdar Bouregaa et d’autres. Deuxièmement, les détenus d’opinion, qui défendent des idées et les assument devant l’opinion nationale, c’est le cas des Hakim Addad, Fersaoui Abdelwahab, les cadres associatifs, les blogueurs et les divers activistes sur la toile. Troisièmement, les prisonniers de l’emblème amazigh, et ils sont très nombreux, qui assument l’identité et les racines du peuple algérien, c’est le cas de Samira Messouci et de Messaoud Leftici entre autres. Quatrièmement, les détenus arrêtés d’une manière aléatoire, arbitrairement, juste pour faire peur à tous ceux qui s’impliquent ou veulent s’impliquer dans la vie associative et politique.
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Tous ces détenus sont des otages du régime et une prise d’otages peut prendre des heures, des mois, voire des années. Le pourvoir voulait faire de ces détenus une monnaie d’échange dans le cadre de fausses négociations, un simulacre de dialogue !
Mais le peuple refuse de dialoguer sous pression et avec des preneurs d’otages qui tiennent au pouvoir et refusent le changement. La seule négociation possible, c’est celle des modalités de leur départ. Ce qui extraordinaire, c’est que c’est le régime qui est en prison et non les détenus !
Quelle est la situation des droits de l’homme en Algérie depuis le déclenchement du mouvement populaire?
Me Aïssa Rahmoune : Il y a des dérives autoritaires et un glissement grave des pouvoirs publics, des dépassements qu’on n’a pas vus même du temps de l’ex-président Bouteflika. Il y a des atteintes flagrantes à la liberté de réunion et de rassemblement. Plusieurs demandes d’autorisation pour des réunions publiques ont été refusées comme c’est le cas de la société civile et du PAD entre autres.
Il y a la violation de la liberté de circulation qui est consacré dans la Constitution dans son article 55 et par les pactes internationaux que l’Algérie a ratifiés. Le régime tente de dresser des barrières entre les enfants du même pays, en interdisant Alger ou encore Oran aux autres citoyens ! Ceux qui détiennent le pouvoir procèdent à la division et à la manipulation mensongère.
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On note aussi les arrestations arbitraires suivies de détentions arbitraires sur fond d’accusations arbitraires et sans fondement juridique. Le régime via la police politique intercepte les acteurs du hyrak, les arrête et confectionne par la suite des dossiers et des inculpations. Après une présentation devant le parquet, ils sont placées illico-pesto en détention préventive en violation de la procédure pénal qui stipule que le mandat de dépôt est une exception et non une règle, conformément à l’article 123 du code de procédure pénal.
Beaucoup de journalistes on payé le prix fort de la liberté d’expression par l’incarcération, le licenciement et les intimidations.
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L’instrumentalisation du pouvoir judiciaire et sa transformation en simple appareil et instrument entre les mains d’aventuriers du régime qui n’hésitent pas à violer les droits les plus élémentaires de la personne humaine.
Ce sont là des faits que tout le monde sait et c’est ce qui empêche et empêchera l’établissement de toute relation de confiance entre le peuple et les gouvernants ! Le peuple est trop en avance et le mur du silence et de la peur est brisé. « Rien ne peut arrêter le peuple sur le chemin de sa libération », disait Mouloud Mammeri et « Soyons réalistes, demandons l’impossible ! », disait chez Guevara.
Pensez-vous que le président Tebboune pourra changer les choses ?
Me Aïssa Rahmoune : Le système algérien a toujours fonctionné avec deux entités : une planquée dans l’ombre, invisible, incarnée par les militaires, qui tiennent les rênes du pouvoir réel, et une façade politique, sans réel pouvoir, que l’on présente au peuple. C’est ce que représente Tebboune que l’on a « vendu » de façon forcée au peuple !
Ensuite, on retrouve les appuis des « alliés » de l’intérieur du pays et de l’extérieur, qui donne un tant soi peu de légitimité à la façade civile mise en place.
Cela explique d’ailleurs les prises de position en faveur du système par une nuée de politicards, de pseudo-intellectuels et des experts en tout, qui développent un discours « diabolisant » la vie politique, en usant de concepts comme «la stabilité du pays », « l’Algérie est menacée », « la décennie noire »…
Les partenaires étrangers du système, qui pour sauvegarder leurs intérêts économiques, stratégiques et géostratégiques, sont toujours là pour apporter leur soutien aux vrais décideurs en reconnaissant le président désigné, faisant fi de la volonté du peuple algérien, qui a dit non à une élection présidentielle décidée par le haut commandement de l’armée.
Le défilé diplomatique que l’on a observé au lendemain de « l’élection » de Tebboune est la preuve irréfutable que les partenaires de l’Algérie sont les alliés des vrais décideurs, mais pas du peuple algérien.
Le peuple algérien avait dit non à l’élection présidentielle car il a compris que c’est l’armée qui détient le pouvoir réel, les commandes politiques… Abdelmadjid Tebboune, lui, n’a aucun pouvoir.
C’est en son nom, en tant que président de la République, que les décisions sont et seront prises… Vous pensez vraiment que le président Tebboune n’a aucune liberté de mouvement ?
Me Aïssa Rahmoune : Teboune n’est et ne sera pas légitime et non plus crédible au regard du peuple algérien et de la communauté internationale. Le président désigné est issue d’une non « élection », qui constitue un viol national perpétré par le pouvoir réel, celui de l’état-major de l’ANP. C’est un président désigné par l’état-major de l’armée. Le président désigné ne sera ni libre ni autonome dans ses mouvement. Il n’y a jamais eu d’élection présidentielle réelle en Algérie depuis l’indépendance.
Il manque à Tebboune la pièce maitresse du pouvoir, la légitimité populaire, seule garantie officielle pour avoir le pouvoir d’agir et de négocier au plan national, régional et international. Encore une fois, Teboune n’est pas président d’un peuple, mais un président désigné et imposé pour un peuple. Il faut rappeler que le système avait violé la Constitution avec le report de la deuxième élection présidentielle le 05 juillet et la fin des prérogatives de Bensalah, chef de l’Etat à la date du 09 juillet 2019.
Mais il faut reconnaitre tout de même qu’il y a eu l’emprisonnement du fameux général Toufik, du général Athmane Tartag, de Saïd…
Me Aissa Rahmoune : Les pratiques du système n’ont pas changé. Le système fonctionne selon une alternance clanique violente. L’histoire nous renseigne que la succession à la prise de décision politique en Algérie se fait par la violence. Ainsi, l’on assistera à une violence faite soit par les armes, soit par les tsunamis de scandales et de lynchages médiatico-judiciaires.
Par conséquent, les condamnations des ex-responsables du DRS et du conseiller et frère de l’ex-président Bouteflika rentrent dans la guerre des clans. Il s’agit d’une liquidation d’un clan d’actionnaires faibles du système par un autre clan fort d’actionnaires du même système ! Cela a toujours été ainsi depuis 1962.
Les algériennes et algériens ont compris le jeu du nouveau clan fort du système. L’arrestation des anciens actionnaires du système en l’occurrence les Toufik Mediène, les Athmane Tartag, les Saïd Bouteflika, les Hamel, et autres symboles de l’ancien clan n’est qu’une pièce théâtrale, mise en scène par le nouveau clan aux commandes.
Ce scénario hollywoodien porte à neutraliser un clan adverse et détourner le fleuve de la révolution pacifique du peuple algérien. Il s’agit-là d’une opération de manipulation de grande envergure visant à vendre l’image de la fin d’un système.
Les procès de certains anciens symboles du système ont été présentés comme « les procès du siècle », alors qu’en réalité il s’agit d’une guerre féroce entre les différents clans et dont l’appareil judiciaire n’en est que l’arène. Une vraie justice, c’est une justice indépendante qui jugerait tous ces responsables leurs crimes, notamment économiques, et pour la liquidation des richesses de pays.
Entretien réalisé par Kamel Lakhdar-Chaouche
Blablabla ! Ce monsieur a envie de parler qu’il aille faire son métier d’avocat c’est plus valorisant que de lancer des bobards ! Dans pas longtemps on saura qu’il palpe de quelque part !!
Ce Monsieur est juste prétentieux ! Quand on prétend savoir tout on ne sait rien !et puis de quel droit oses-tu juger les autres ? A mon humble avis, tu ne peux être qu’un médiocre avocat ! Ne dit-on pas que là où il y a les juges y a pas de justice ? D’autant plus là où il y a les avocats aussi médiocre la justice ne peut être que mal rendue ! Cordialement.