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Lakhdar Bouregaa à DzVID : « J’aspire juste à voir mon peuple réapprendre à rêver »
L’ancien commandant de la wilaya IV historique et figure de proue du hirak, Lakhdar Bouregaa, se livre en exclusivité à DzVID sur son état de santé, son moral, le mouvement populaire et revient sur la visite rendue à Ali Belhadj, le numéro 2 du FIS dissous.
DzVID : Comment va la santé du Commandant Lakhdar Bouregaa ?
Lakhdar Bouregaa : Ma santé, je dirai Dieu merci, tout va pour le mieux. Et puis à mon âge, je dirai, encore une fois de plus, Dieu merci. Je poursuis mes soins régulièrement, c’est vrai, c’est très dur, mais le reste dépend de la volonté de Dieu.
Vous avez été traité mieux que lors de vos précédents séjours en prison ?
Lakhdar Bouregaa : En prison, il n’y a pas de traitement ou des soins de faveurs destinés à tel ou à tel. Mais connaissant le niveau de la médecine des 70 dans les prisons algériennes, pour avoir vécu l’expérience, il faut dire que les choses ont évolué aujourd’hui. Le niveau de la médecine n’est plus le même. Aussi, faire ses soins en dehors de la prison c’est mieux car les moyens humains et matériels ne sont pas les mêmes.
Et le moral politique ?
Lakhdar Bouregaa : Mon moral est toujours intact. Cela est aussi valable pour mes principes et pour mes convictions qui sont toujours les mêmes et inébranlables. Voir le peuple algérien se tenir debout comme un seul homme, depuis une année, face à un système, qui refuse de lâcher le pouvoir, est rassurant et ouvre les portes de l’espoir.
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La détermination du peuple dans sa révolution pacifique d’aller jusqu’au bout de ses revendications me rend plus fort moralement que jamais. C’est ce qui m’a beaucoup réconforté durant mon dernier séjour en prison et m’a aidé à tenir le coup.
Quel bilan faites-vous du mouvement populaire (le Hirak), une année après ?
Lakhdar Bouregaa : Ce que le peuple a pu réaliser, depuis le 22 février à ce jour, soit une année après le début du mouvement populaire, est unique dans les annales de l’histoire de l’Algérie post-indépendance.
Le peuple algérien a fait un sursaut d’honneur à travers son mouvement populaire (le Hirak). Il a tenu debout et ferme dans ses revendications et d’une manière pacifique face à un système clanique construit sur le clientélisme et les stratégies répressives.
Le Hirak a fait obstacle au 5e mandat présidentiel inique et honteux pacifiquement et il a atteint son objectif : Bouteflika a été éjecté de son trône. C’était un véritable sursaut d’orgueil réalisé par le peuple.
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Plus beau encore, le peuple ne s’est pas arrêté dans son combat à l’éviction de Bouteflika et de son clan, mais il poursuit son mouvement pacifiquement pour une Algérie véritablement démocratique et réellement sociale et pose les vraies questions pour aller vers l’état de droit.
Aujourd’hui, le peuple algérien, de l’est à l’ouest et du nord au sud, tient à sa revendication principale : « Nous voulons un changement radical de ce système clanique basé sur le clientélisme, le favoritisme et le régionalisme ».
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C’est une revendication inébranlable pour le peuple qui continue son combat avec détermination et persévérance et toujours avec les moyens qui lui sont connus : union, patriotisme, pacifisme et jalousie pour son pays. Il faut dire sans risque de se tromper que le peuple a acquis une maturité politique de fer tout au long de cette révolution du sourire.
Soutenez-vous encore les principes du Hirak ?
Lakhdar Bouregaa : Heureusement ! Le Hirak, c’est le soulèvement populaire pacifique, qui incarne la volonté des Algériennes et des Algériens, qui assument pleinement la richesse de leur histoire, de leur culture, de leur spécificité et de leurs diverses sensibilités.
Le Hirak, c’est aussi le sursaut d’honneur du peuple algérien contre un système clanique honni, qui souhaite bâtir un état de droit, où la loi est souveraine. Aucun Algérien digne de ce nom, animé par le sentiment de nationalisme et de patriotisme, n’osera se mettre au travers de cette aspiration. Seul un traitre à l’Algérie sera contre le Hirak.
Peut-on aborder les sujets qui fâchent, comme cette fameuse visite effectuée avec Me Bouchachi et Samir Belarbi chez Ali Belhadj ?
Lakhdar Bouregaa : Je dois vous répondre avec ce que disait l’architecte de la Révolution et du Congrès de La Soummam, Abane Ramdane : « il ne faut rien laisser pour la France ».
Abane Ramdane avait tout fait, absolument tout, pour récupérer les Algériennes et les Algériens et les pousser à s’engager dans la voie de la révolution, celle de la rupture radicale avec la France, en commençant par oublier leurs appartenances organiques et leurs sensibilités politiques et idéologiques pour enfin se fondre dans le glorieux Font de libération national (FLN).
Figurez-vous que c’est aussi l’un des reproches qui ont été faits à Abane Ramdane, en plein Congrès de la Soummam. Mais l’histoire a fini par donner raison à Abane Ramdane qui avait réussi à transformer radicalement la Révolution algérienne pour en faire un mouvement révolutionnaire profond et populaire. Il a récupéré les messalistes, les communistes, les Oulémas, les différentes associations et les sensibilités les plus contradictoires pour les mettre sous le commandement du Front de libération national dans un seul objectif, celui de détruire l’ordre colonial.
Moi, aussi, politiquement je suis dans la lignée d’Abane Ramdane. Il ne faut rien laisser au pouvoir actuel, le Hirak doit ratisser large et ne rien laisser au pouvoir, si on veut que la révolution pacifique en finisse avec ce système mafieux et injuste et bâtir l’Algérie démocratique et sociale dont ont rêvé les chouhada. C’est là ma profonde conviction, celle d’un vieux moudjahid qui n’aspire à plus rien sauf à voir son peuple réapprendre à rêver.
Entretien réalisé par Kamel Lakhdar-Chaouche
Le paradoxe est que ce fameux bouregaa a lui même tiré profit de ce système qu’il dénigre tant !c’est bien a cause de la légitimité historique que ce système honni a tenu jusqu’à ce jour ! Donc, à quand le temps des diplômes ?
Non monsieur justement le peuple a assez rêvé! Il faut qu’il se retrousse les manches et travaille ! Et l’herbe n’est pas plus verte chez les autres ! Au boulot, tas de bras cassés et de langues pendues ! C’est bien d’avoir chassé Bouteflika maintenant il faut se sacrifier pour le pays et sa construction comme v os ainés se sont sacrifiés pour le libérer et chasser la France cette hyène qui nous poursuit encore de sa haine . Ce n’est pas parce que vous n’y étiez pas que c’était facile! Et ce Bouregga au lieu de dire des platitudes… Lire plus »