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Sécheresse : « Anzar » célébré dans les villages de Bouira

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La tradition Anzar revient à Bouira

Après plusieurs années d’éclipse, la tradition ancestrale amazigh Anzar a fait son grand retour ces derniers jours dans les villages de Bouira, où les populations locales ressuscitent ce rite mythologique dans l’espoir d’obtenir la pluie en cette période de sécheresse, de plus en plus inquiétante.

Le retour de Anzar dans les villages berbérophones à Bouira est un fait marquant cette année, qui coïncide avec une période de sécheresse préoccupante pour les paysans d’Aguouillal, Semmache (El Adjiba), Aqemqoum (El-Asnam), Ath Chaib (Bechloul).

« L’absence de pluie nous préoccupe profondément. Sans l’eau l’agriculture est morte, nous sommes en hivers mais il n’y a toujours pas de pluie », s’est inquiété Si Mouh, un sage du village d’Aguouillal.

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Selon la définition que lui a été attribuée par des historiens et les spécialistes comme, Gabriel Camps, dans l’ »Encyclopédie berbère », Anzar est considéré comme un élément bienfaisant, qui renforce la végétation, donne la récolte et assure le croît du troupeau. Selon les études de ce spécialiste, Anzar est célébré dans toute l’Afrique du Nord, mais avec des variantes locales.

Pour obtenir la pluie dans cette période de sécheresse, les habitants de plusieurs villages à Bouira-Est ont eu recours ces derniers jours à la résurgence de la tradition d’Anzar. Vendredi dernier, les habitants du village montagneux d’Aguouillal ont organisé et célébré cette tradition dans un climat de joie et de fraternité. A l’entrée de ce village connu pour son passé révolutionnaire glorieux, hommes, femmes et enfants étaient tous mobilisés pour réussir cette fête avec la préparation de repas traditionnels et d’un repas collectif.

Résurgence de la tradition d’Anzar

Revisité aussi dans d’autres villages d’El Adjiba, il y’a quelques jours, « Anzar se pratiquait, autrefois, dans toute la Kabylie, au moment de la sécheresse. Le rite consiste à déguiser une louche en mariée, habillée d’une robe kabyle avec (une fouta), un foulard à la tête, un écusson en argent sur le front et un collier pendu au cou », a expliqué Na Ouardia, une des vieille du village.

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L’initiative a été prise par les vieilles femmes qui voulaient revivre l’ambiance d’antan que leur redonnait la célébration de cette tradition. Munie de la louche, déguisée en mariée, suivie par une marée de femme et enfants, Na Ouardia a fait du porte à porte pour demander de la nourriture, notamment de la semoule, de l’huile, du sel, du sucre, du café tout en chantonnant en chœur, dans une ambiance festive, « Anzar, anzar, a Rebbi Essew-itt ar azar. Anzar, anzar a Rebbi erz-ed aghourar » (Anzar, anzar, Dieu arrose-là jusqu’à la racine! Anzar, anzar, Dieu met fin à la sécheresse).

Une fois les provisions amassées, le cortège s’est rendu au lieu de la fête, où des crêpes, des beignets, du café et du thé ont été préparés. Tout le monde est convié à ce festin.

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Un climat de joie festive et de solidarité régnait sur les lieux. Le bruit né des cris des enfants est entendu de loin. Les notables, les fidèles et tous les citoyens du village se sont regroupés autour du repas collectif (du couscous au poulet) en guise de solidarité et de fête avant de procéder à une prière collective pour demander de la pluie et prier le Tout puissant pour qu’il mette un terme à la sécheresse qui menace leur agriculture.

« Cette fête est une tradition héritée de nos ancêtres amazighs dont l’objectif est de nous solidariser pour prier Dieu afin qu’il nous donne de la pluie », a expliqué pour sa part, Mohammed, un sage du village.

« Cette tradition est en voie de disparition. Nous sommes en train de la revivre ces jours-ci car tout le monde a peur en cette période de sécheresse », a confié à l’APS Na Ouardia.

A propos de cette légende mythologique berbère, le président de l’Académie algérienne de la langue amazighe (AALA), Mohamed Djellaoui, a expliqué que la ressuscitation de cette tradition « entre dans le cadre de l’éveil culturel ancestral amazigh ». « Il s’agit d’un retour aux origines historiques et civilisationnelles », a souligné M. Djellaoui dans une déclaration à l’APS.

M. Djellaoui, qui est également directeur du laboratoire des études littéraires linguistiques et didactiques amazighes à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, a ajouté que ce rite est célébré par les populations pour prier naïvement afin d’obtenir la pluie, ajoutant que cette tradition est un patrimoine culturel historique amazigh.

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BB
BB
2 années plus tôt

On a eu le coronavirus au final retour au polythéisme voilà où mène l’ignorance

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