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Hakim Belahcel à DzVID : « Ce sursaut populaire a renversé les donnes historiques et politiques »

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Congrès extraordinaire du FFS les 9 et 10 juillet

Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), docteur Hakim Belahcel, revient dans cet entretien sur le hirak, ses acquis et le rôle du PAD.

DzVID : Une année déjà depuis que le Mouvement populaire s’est mis en marche pour s’opposer au 5e mandat et revendiquer une rupture radicale avec le système. Quel bilan en faites-vous ?

Hakim Belahcel : Le vaillant peuple algérien bouclera dans quelques jours la première année depuis le déclenchement de sa révolution pacifique pour recouvrer sa liberté et sa dignité. Des millions d’Algériennes et d’Algériens ont subjugué le monde entier à travers leur engagement sans faille et par leur sens inouï du patriotisme et de la conscience politique.

Cette persévérance révolutionnaire qui a ébranlé les arcanes du régime autoritaire algérien a été alimentée par une volonté inébranlable de se soustraire définitivement d’un asservissement hégémonique qui a duré depuis l’indépendance et surtout par l’espoir légitime et renouvelé de prétendre légitimement à vivre enfin dans une Algérie libre, démocratique et émancipée.

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En tout cas, nous pouvons affirmer aujourd’hui sans le moindre doute que ce sursaut populaire a brillamment réussi à renverser les donnes historiques et politiques dans le pays et d’une manière irréversible.

Son premier succès fut la pulvérisation du projet du 5e mandat du chef de l’État déchu et l’éclosion d’une gigantesque dynamique citoyenne avide d’un changement radical du régime et l’avènement de la deuxième République.

Son deuxième apport déterminant pour l’avenir du pays fut indegnablement, sa contribution au raffermissement de la cohésion sociale et à la consolidation de l’union populaire face aux manœuvres déstabilisatrices et propagandistes d’un système despotique aux abois. La même effervescence citoyenne a surtout induit un rapprochement historique entre plusieurs formations politiques et organisations sociales qui luttent pour le changement et pour une transitioon démocratique dans le pays.

Évidemment, cette formidable mobilisation nationale a été la cible des représailles du pouvoir en place. Puisque, dans l’espoir de torpiller cette déferlante populaire, il a mis en branle sa machine juridico -policière contre les animateurs politiques et sociaux et contre les étudiants et les journalistes hostiles au baillonnement et à la censure.

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 Des centaines d’arrestations sont enregistrées et plusieurs blessés furent rescencès lors des manifestations pourtant à caractère pacifique. Cette réplique violente du pouvoir a dévoilé son vrai visage  et sa volonté maladive de reprendre le contrôle de la situation adevient que pourra. 

Néanmoins, la solidarité et l’union des millions d’Algeriennes et d’Algeriens ont pu et su déjouer les stratagèmes machiavéliques du régime .Ils sont plus que déterminés à poursuivre leur combat jusqu’à la consécration de leurs revendications légitimes. 

Après l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, y a-t-il lieu de dire que le système a gagné la première bataille contre le mouvement populaire en imposant sa feuille de route par étape ?

Hakim Belahcel : Le pouvoir illégitime algérien a plutôt réussi à opérer un énième coup de force électoral contre la volonté populaire. Malgré le soutien international et en dépit des moyens financier et propagandiste colossaux déployés pour appâter le peuple algérien et l’impliquer dans ce théâtre ,ce dernier est resté intraitable et cohérent avec son engagement initial. 

Tout le monde est unanime sur l’échec cuisant du pouvoir réel algérien à drainer le peuple algérien derrière cette énième machination méprisante qui a certes réussi à ravaler la façade civile du système en uniforme sans pour autant parvenir à empêcher le discrédit populaire et à estomper sa colère post électorale. 

Le PAD peut-il constituer une voie de sortie de crise ?

Hakim Belahcel : Il faudra d’abord rappeler que le FFS a fourni des efforts remarquables et soutenus en perspective de construire un rapport de force politique et populaire pour imposer un changement radical du système et faire accéder l’Algérie vers la deuxième République. 

Cette nouvelle démarche du FFS est venue se greffer à son long parcours politique truffé d’initiatives de sortie de crise, et ce, par l’instauration d’un vrai dialogue national comme socle d’un compromis historique pour l’édification d’un État démocratique et prospère. 

Le Pacte pour l’alternative démocratique est en réalité une consécration méritoire d’un travail de concertation et de convergence politiques entre les partis politiques de la mouvance démocratique et les organisations sociales qui épousent la conviction chevillée et la nécessité impérieuse de passer par une transition démocratique afin de trouver une issue raisonnable et durable au marasme multiformes national.

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C’est une plate-forme politique qui oeuvre à traduire fidèlement les revendications révolutionnaires populaires en préalables et en projet de sortie de crise. Cette initiative commune qui se veut consensuelle et évolutive a réussi à s’imposer comme processus sérieux et crédible aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale. À terme, elle aspire à organiser une conférence nationale de dialogue inclusive et sincère,comme démarche alternative au simulacre de dialogue voulu et promu par les vrais décideurs de ce pays. 

Malgré les restrictions administratives et les obstacles répressifs du pouvoir , les forces vives de la nation continuent à adhérer à cette initiative politique de sortie de crise et escomptent parvenir à cet objectif là. 

Évidemment, les parties qui activent dans le cadre de cette plate-forme politique gardent leurs autonomies d’action et de décision en toutes circonstances. 

Quelle lecture faites-vous de la question des détenus politiques et d’opinion ?

Hakim Belahcel : Voulant réinstaller le climat de terreur et de résignation chez le peuple algérien, le pouvoir hégémonique algérien a abusivement instrumentalisé ses deux leviers répressifs et autoritaires, à savoir l’appareil judiciaire et sécuritaire.

Ainsi donc, plusieurs arrestations furent enregistrées parmi les acteurs politiques et sociaux, touchant ainsi des étudiants et des journalistes sans épargner de paisibles citoyens dont le seul tort c’est de manifester pacifiquement pour la liberté et la démocratie.

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Le FFS n’a jamais cessé de dénoncer et de condamner ces arrestations arbitraires et abusives qui constituent une grave violation du droit de manifester et de s’exprimer librement. Pis encore, l’arrestation des leaders  politiques et d’opinion s’inscrit dans le sillage de la volonté du pouvoir réel algérien à plomber la scène politique et à criminaliser toutes les voix qui s’élèvent contre le pouvoir de fait .Autrement dit , ces agissements autoritaires impriment les lignes d’une nouvelle dictature qui peine à voiler ses tentations.

Ce qui est évident aujourd’hui, c’est que cette vague de répression et ces atteintes flagrantes des libertés individuelles et collectives n’ont pas réussi à dissuader le peuple algérien à poursuivre son combat pour son autodétermination .

Pour le FFS et pour les forces du PAD, la libération des détenus politiques et d’opinion constituent une exigence indépassable à toute issue politique.

Pour certains observateurs avisés, le système algérien a réussi à se restructurer en présentant une « façade politique » et en protégeant « l’arrière-chambre où se trouvent les commandes ». L’affaire du DG des Douanes ne révèle-t-elle pas cette triste réalité ?

Hakim Belahcel : Depuis sa prise du pouvoir par la force au lendemain de l’indépendance nationale, le régime autoritaire algérien a réussi à se maintenir et à perdurer grâce au soutien de ses partenaires étrangers et à travers ses pratiques mafieuses et manœuvrières. 

Et pour faire face aux besoins du temps politique et des bouleversements politiques internes et externes, le pouvoir algérien érigé sur des soubassements claniques et clientélistes a toujours su opérer des réajustements internes au gré des rapports de force et des évolutions politique et économique. 

Toutes les décisions politiques prises par ce même régime ne sont en réalité que la résultante ou l’issue des tiraillements, souvent violents, entre ses différentes factions et centres d’intérêt. 

C’est ainsi et depuis toujours, le clan majoritaire et le plus puissant qui impose sa feuille de route, ses hommes et ses pratiques contre la volonté de tout un peuple. 

C’est dans cet esprit là que les dernières décisions de nomination et de contre-nomination  furent opérées. 

Le mouvement populaire, une année après, doit-il continuer ainsi sans s’organiser, sans projet affirmé positivement ? Pourquoi l’auto-organisation fait-elle défaut au Hirak ?

Hakim Belahcel : Aujourd’hui encore et plus que jamais, le mouvement populaire devra maintenir et sauvegarder sa cohésion et son unité contre les assauts d’un pouvoir qui ne lésine pas sur les moyens pour s’imposer. Il faudra surtout entretenir le caractère pacifique et créatif de cette révolution pour ne pas donner aux décideurs de ce pays les prétextes d’une éventuelle répression.

Les expériences des soulèvements populaires précédents nous recommandent à nous tous de mettre l’actuelle révolution à l’abri des représentations qu’elles soient faites d’individus ou de groupes. Une telle configuration n’est pas sans risques sur la survie de ce sursaut et par conséquent, sur les aspirations légitimes du peuple algérien. Car éventuellement sujette, à la corruption, à la trahison ou encore à la décapitation. 

Pour sa part, le FFS continuera à se battre aux côtés du peuple algérien révolté jusqu’à la consécration de ses revendications légitimes. Le temps politique se chargera comme à son habitude d’opérer les décantations qui s’imposent sans passion et sans concession. Le combat continue !

Entretien réalisé par Fenzi Mourad

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Mellah hocine
Mellah hocine
3 années plus tôt

Tout un programme de sortie de crise que fut cette déclaration du Docteur Belahcel . En effet le hirak se renforce davantage de semaine en semaine pour permettre aux uns et aux autres de consolider ses propres principes politiciens. Une année de formation politique qui ouvre la voie à une Algérie apaisée.

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