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Béjaïa : des femmes employées se révoltent contre le harcèlement
Des femmes employées de la Direction du logement de la wilaya de Béjaïa ont observé hier et aujourd’hui, mardi et mercredi 18 et 19 février un rassemblement devant le Bloc administratif, près du siège de la wilaya, pour dénoncer le « harcèlement moral » et les « menaces de brutalités physiques » dont elles font l’objet de la part du directeur du logement et d’autres responsables du même organisme, rapporte le Café littéraire de Béjaia (CLB) dans un communiqué.
En effet, des femmes employées de la Direction du logement de la wilaya de Béjaïa, victimes de harcèlement moral et de tentatives répétées de violences physiques, « ont observé un rassemblement à l’entrée du bloc administratif pour dénoncer leur directeur et des chefs de service qu’elles accusent de brutalités verbales, d’insultes, d’injures, d’intimidations répétées, d’abus de pouvoir, et plus que tout cela, de tentatives répétées d’agression physique » rapporte le CLB qui qualifie les faits d »urgents » et « scandaleux ».
Selon le Café littéraire, tout cela a commencé depuis que ces fonctionnaires ont dénoncé les cachotteries de leur direction qui ne tardera pas à réagir « en prenant des sanctions (intimidations, mises à pied, changement de service…) contre les employées.
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« Des femmes syndicalistes sont quotidiennement et rudement intimidées, harcelées moralement, insultées à haute voix par leurs chefs de service…. Le directeur a même usé d’un langage de voyou en défiant la secrétaire générale de la section syndicale comme suit : « Dites à votre mari d’aller affronter votre chef de service dans la rue », a révélé le CLB.
La police refuse d’accuser réception d’une plainte pour harcèlement !
Ne pouvant plus supporter le climat d’hostilité et d’insécurité auquel ont été soumises depuis des semaines ces fonctionnaires, la SG du syndicat s’est « déplacée au commissariat central porter plainte contre leur directeur et leurs agresseurs » qui aurait refusé d’accuser réception de la plainte, dans un premier temps, avant de la rejeter carrément.
« La police refuse d’accuser réception au motif que le premier responsable de la Direction du logement est absent pour trois jours. La semaine d’après, la police refuse derechef d’enregistrer la plainte. Comment doit-on expliquer cette non assistance à personne en danger ? », s’interroge-t-on dans le communiqué.
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Pour le CLB, « la protection scandaleusement accordée aux petits dictateurs sans scrupules a complètement anéanti les victimes que leur propre directeur a considéré comme étant…coupables d’avoir défendu leur honneur et leur dignité ».
« C’est pourquoi, indique-t-il, depuis hier, mardi 18 février 2020, la section syndicales, à sa tête une femme digne et courageuse, appelle à un rassemblement, reconduit aujourd’hui sur les mêmes lieux (mercredi 19 février), et prolongé jusqu’à demain (jeudi 20 février 2020) pour se tenir devant la wilaya afin de réclamer justice en prenant à témoin l’opinion publique. »
Le Café littéraire lance un appel à la mobilisation pour se solidariser de ces femmes
« Nous devons être nombreux à nous rassembler, hommes et femmes. Le collectif libre et indépendant des femmes de Béjaïa a déjà témoigné de sa solidarité en participant aux deux rassemblements des mardi et mercredi. Mais, en plus des collectifs de femmes, c’est toute la conscience des citoyennes et citoyens qui est interpellée face au drame que vivent les femmes victimes de violences multiformes, de harcèlements moraux, de préjugés moyenâgeux, de mépris, de misogynie, d’inquisition religieuse… ».
Et de conclure : « Tant qu’on continuera à nous dire que ce n’est pas encore le moment de soulever toutes les questions relatives aux droits et libertés des hommes et des femmes dans notre pays, l’injustice abjecte continuera encore à faire des victimes. Les femmes continueront encore à payer le prix de nos indifférences et complicités coupables. Pensons aussi à l’enseignante de Biskra, la lycéenne ayant tenté de se suicider à Batna (T’kout) et à toutes les autres acceptant de souffrir dans l’anonymat pour nous épargner les tourments déchirants de nos culpabilités séculaires. «
Yidir Amrouche