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Jean-Yves Le Drian : « un travail de mémoire » est souhaitable entre la France et l’Algérie
Un « travail de mémoire » est souhaitable entre la France et l’Algérie « sur la manière dont les uns et les autres avons vécu » la guerre, a estimé ce dimanche 2 février le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Jean-Yves Le Drian était interrogé lors d’une émission conjointe sur RTL/LCI/Le Figaro sur la polémique née des récents propos du président Emmanuel Macron, qui avait établi un parallèle entre la guerre d’Algérie et la reconnaissance par Jacques Chirac, en 1995, de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
« La Shoah est un crime insupportable, comparable à rien, nul part ailleurs, il faut le reconnaître comme tel », a estimé dimanche le chef de la diplomatie française. Mais « la question qui se pose dans les relations entre la France et Algérie sur la mémoire, la manière dont les uns et les autres avons vécu ce conflit, reste là, et il faudrait que nous ayons ensemble un travail de mémoire », a ajouté Jean-Yves Le Drian.
M. Le Drian a assuré que les autorités algériennes souhaitaient ce processus et insisté sur le fait que les Français avaient eux aussi « besoin d’avoir sur ce sujet là un moment de rappel historique et de vérification ».
Le Drian rassure-t-il Alger ?
Il faut noter que cette déclaration du MAE français intervient au lendemain du recadrage fait par l’Algérie au président turc Recep Tayyip Erdogan qui, dans sa guerre contre Emmanuel Macron, s’est servi de propos que lui aurait tenus le président algérien Abdelmadjid Tebboune sur les massacres de la France durant la colonisation.
En effet, l’Algérie s’est dit surprise de la déclaration faite par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, dans laquelle « il attribue au Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, des propos sortis de leur contexte sur une question liée à l’histoire de l’Algérie », a indiqué ce samedi 1er février un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« L’Algérie a été surprise par la déclaration faite par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan dans laquelle il attribue au Président de la République Abdelmadjid Tebboune des propos sortis de leur contexte sur une question liée à l’histoire de l’Algérie », a écrit le MAE algérien dans son communiqué.
« A titre de précision, l’Algérie affirme que les questions complexes liées à la mémoire nationale, qui revêt un caractère sacré pour le peuple algérien, sont des questions extrêmement sensibles. De tels propos ne concourent pas aux efforts consentis par l’Algérie et la France pour leur règlement », a conclu le communiqué.
Polémique franco-française
Depuis le début de son quinquennat, le chef de l’Etat français, né bien après la fin de la guerre d’Algérie, a déjà entrepris plusieurs incursions sur ce terrain historique sensible, en honorant les harkis ou en reconnaissant que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien « mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ».
Ses récents propos ont provoqué de vives protestations, notamment au sein de la droite. Jean-Yves Le Drian a plaidé pour une réflexion « de manière sereine, y compris avec les historiens algériens ».
Dans l’avion qui le ramenait jeudi d’Israël, où il participait à la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le chef de l’Etat s’est dit convaincu que la France devait revisiter la mémoire de la guerre d’Algérie (1954-1962) pour mettre un terme au « conflit mémoriel » qui « rend la chose très dure en France ».
« Nous avons en Algérie une situation qui est complètement nouvelle, qui va sans doute engager des évolutions significatives de ce pays », a par ailleurs estimé le ministre des Affaires étrangères en référence à la récente élection du président Abdelmadjid Tebboune.
« De nouvelles perspectives s’offrent pour les relations entre France et Algérie. Si la mémoire partagée peut faire partie de cet ensemble nouveau, ce serait une très bonne nouvelle pour tout le monde », a insisté le ministre.
Avec AFP