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Retour sur les manifestations du 11 décembre 1960
Les troupes françaises, avec le Plan Challe et ses vastes opérations menées de 1959-1961 dans les campagnes et les emplacements de l’ALN, avaient repris le contrôle des maquis et avaient une position dominante. Les manifestations du 11 décembre 1960 arrivent à un momoent charnière de la lutte pour l’indépendance.
Profitant de cette situation, de Gaulle avait décidé de faire un voyage vers l’Algérie du 9 au 12 décembre 1960 pour promouvoir son projet néocolonial de « troisième voie », nommé « Algérie algérienne ».
Repris des modèles imposés dans les autres anciennes colonies françaises et qui consistait à placer au pouvoir une classe dirigeante, sous contrôle, et au service de l’impérialisme français, politiquement et surtout économiquement. On vit jusqu’à présent, en 2019, les conséquences de ce projet néocolonial.
Le 8 décembre, de Gaulle annonce qu’un référendum sur l’autodétermination sera organisé le 8 janvier 1961. Tout le monde s’attend au coup de force des Européens, surtout de la part de la FAF mais, personne n’a vu venir l’insurrection spontanée algérienne. Les premières manifestations qui avaient commencé le 9 décembre 1960 n’étaient pas encadrées, comme certains tentent en vain de nous le faire croire, par le FLN paralysé, démantelé et clandestin à l’époque.
En un record laps de temps, cette « flamme spontanée de Belcourt » s’étend, le même après-midi, aux quartiers populaires de la périphérie d’Alger puis, dans les jours qui suivent, elle gagne Constantine, Annaba, Sidi Bel Abbès, Chlef, Bône, Blida, Béjaïa, Tipasa, Tlemcen…
Pendant près d’une semaine, des soulèvements, auto-organisés dans la spontanéité, se confrontent à des méthodes sauvages et impitoyable de répression de la part de l’État colonial d’un côté et des ultras (FAF et autres Européens) de l’autre côté.
Deux, trois jours plus tard, le FLN a politisé les manifestations et Ferhat Abbas intervient en tant que pompier et fait appel au calme. Le monde entier avait finalement compris que l’indépendance de l’Algérie était un fait inéluctable. La France a fini par se convaincre que c’était le moment d’œuvrer dans le sens d’arrêter cette sale guerre, et surtout de sauver ses intérêts stratégiques en Algérie.
Le 19 décembre 1960, l’Assemblée générale des Nations unies vote la résolution 1573 (XV) reconnaissant au peuple algérien son droit « à la libre détermination et à l’indépendance ». Un peuple dans la rue peut faire des miracles et changer même le cours de l’histoire !
Rachid Hamel