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Mohammed Racim : la première victime de l’intégrisme de l’Etat algérien

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Le miniaturiste Mohammed Racim a été assassiné le 30 mars 1975 dans sa demeure d’El Biar, à Alger. Le site officiel de la présidence de la république algérienne présente élogieusement l’artiste, non pas par devoir de rendre hommage au chantre d’Alger, le régime algérien ne s’embarrasse pas de la ligne des nobles tâches, mais, pour l’infâme principe de continuer à ôter au crime son couvercle idéologique dont il est la bretelle politique.

Le site ne précise pas que l’artiste avait été décapité, il finit la biographie du miniaturiste avec une pointe d’hypocrisie qui suggère encore l’énigme et alimente le flou autour du premier assassinat intégriste en Algérie.

Le site rappelle donc à propos de l’artiste : « 1975, Décès en même temps que son épouse, dans des circonstances tragiques et jamais élucidées ». Que peut-on comprendre ? Accident de voiture ? Noyade ? Chute d’une falaise ? Pris dans un feu de forêt ?

La réalité : Mohammed Racim et son épouse Karine Bondeson (de nationalité suédoise) ont été assassinés dans leur domicile. Ils ont été égorgés selon les rites de la secte des assassins islamistes. La raison ne cache pas de mystère, dans l’une de ses dernières toiles, Mohammed Racim a représenté le prophète de l’Islam ; la peinture le montre assis dans la grotte de Hira recevant le Message de l’ange Gabriel. (Voir dans la peinture, en haut à droite)

L’enquête vite bâclée avait mené à l’arrestation de cinq innocents, tous du quartier d’El Biar, par le sinistre homme de main du colonel Boumediene, le commissaire Salah Vespa, de son vrai nom Mohamed Salah Hidjeb. Le commissaire mit le voile, comme le suggère son nom, sur le véritable mobile et avait conclu à un crime crapuleux. Pourtant, aucune des miniatures de l’artiste n’avait été dérobée ! Aussi, quelle tentative de défense, un vieillard de 78 ans pouvait-il opposer contre des « malandrins » jusqu’à les obliger à commettre l’irréparable ?

Cinq infortunés, innocents, avaient été arrêtés et torturés afin de les forcer à endosser le crime alors que pendant les faits, preuve à l’appui, ils étaient dans la ville d’Oran, 500 km plus loin. En mai 84, ils étaient jugés pour être acquittés. Huit ans de prison pour rien. Ils ont été libérés dans un état lamentable, organiquement, malades ; psychologiquement, atteints.

Djaffar Benmesbah

NB : Mohammed Racim était algérien avec de lointaines origines turques. J’écrirai plus tard sa vision sur l’Islam depuis sa découverte de la miniature iranienne et pourquoi, il a réalisé l’illustration des rubaiyat (Les quatrains), poèmes d’Omar Khayyâm traduits en anglais, un poète qui se disait infidèle mais croyant. Je parlerai aussi de sa collaboration avec le peintre Étienne Dinet qui l’avait sollicité pour l’encadrement de son fameux ouvrage : Khadra « la danseuse de Ouled Naïl ».

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