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Le parlement européen « soutient » le Hirak comme la corde soutient le pendu
Marie Aréna, présidente de la sous commission des droits de l’homme du Parlement européen a déclaré soutenir « les revendications du hirak algérien ». Quelle est donc la part de vérité dans cette déclaration de la députée du PS belge ? Se peut-il que cette assemblée construite sur la confiscation de la souveraineté des peuples puisse soutenir un peuple dont le principal objectif est de conquérir son pouvoir de décision ?
Se peut-il que le parlement européen qui a soutenu jusqu’ici avec enthousiasme les interventions de l’OTAN en Irak, en Libye, en Syrie et au Sahel tourne le dos à sa doctrine ? Certains militants y ont souscrit.
Mais peu de temps car quelques heures après il était diffusé un communiqué dans lequel il était précisé la véritable position du Parlement européen et de toutes les institutions européennes. Il y est dit : « (l’Europe) suit avec beaucoup d’attention les développements en Algérie. Elle a encouragé depuis le début les Algériens à œuvrer à une issue démocratique et pacifique dans un esprit de dialogue et responsabilité. Nous espérons que des élections contribueront à répondre aux aspirations du peuple algérien.»
Cela est dit avec des mots choisis. Diplomatiques, diront certains. Mais c’est clair, le Parlement européen et toutes les institutions de ce continent approuvent la marche à l’élection présidentielle telle que menée par les résidus du régime. Ils tournent le dos aux aspirations d’un peuple tout entier qui manifeste depuis près de huit mois.
Faut-il s’en étonner ? Certes non, car toutes leurs forces sont tendues, en Europe comme ailleurs dans le monde, vers la liquidation du moindre acquis des travailleurs et des peuples. Ce qui leur importe, c’est qu’en Algérie, l’accord d’association, que l’on peut résumer par la recolonisation de l’économie du pays, soit signé quelle que soit la nature du pouvoir. Légitime ou non. Il y a quelques années en Europe même, la volonté populaire qui s’était exprimée, par référendum, contre les institutions européennes a été bafouée.
La déclaration de la députée européenne a eu tout de même un effet, celui de permettre au chef d’état-major de l’armée de ruer « contre l’ingérence étrangère », rassemblant autour de lui toute la classe politique. Rares sont les personnalités ou les partis politiques qui ne se sont pas alignés sur Gaïd Salah. La déclaration de la députée PS (on sait que dans les institutions européennes la gauche et la droite gèrent ensemble et se répartissent les charges dans une belle harmonie étant parfaitement d’accord sur tout) a eu une conséquence : redonner l’initiative au régime par une question très sensible pour les Algériennes et les Algériens « l’indépendance nationale ».
Mais dès ce mardi les étudiants ont réduit à néant cette opération en reprenant les slogans contre l’ingérence étrangère tout en repoussant l’élection présidentielle du 12 décembre. Il faut se souvenir que dès le 1er mars les jeunes et le hirak interpellaient le premier ministre de l’époque, qui avait déclaré « nous pouvons devenir la Syrie », par ce slogan « y a Ouyahia l’Algérie n’est pas la Syrie ni la Libye ». Ils interpellaient aussi le président Français pour lui rappeler que « l’Algérie n’est plus la France ».
Le peuple algérien par son expérience, et celle d’autres peuples, sait que la démocratie ne vient pas juchée sur les chars ou les avions de l’OTAN. Et s’il fallait une preuve supplémentaire, il suffit de regarder ce que sont devenus la Syrie, l’Irak, les pays du Sahel, la Libye…et la Palestine bafouée par la prétendu « communauté internationale ».
Le peuple algérien sait par son expérience, notamment celle de la révolution du 1er novembre 1954, que la solidarité pour son combat viendra de ses frères partout dans le monde, ses semblables : les travailleurs, les jeunes les étudiants et leurs organisations ouvrières et syndicales. Celles et ceux qui tout en luttant contre leurs propres ennemis, se mobilisent, se rassemblent pour exiger la libération de tous les détenus d’opinions en Algérie. Un combat internationaliste essentiel qui doit être mené dans l’unité.
Source : Editorial de « Minbar El Oumal » (Tribune des travailleurs, n°37 du 2 octobre), une publication du Comité d’Organisation des Socialistes Internationalistes d’Algérie (COSI).