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Une nuit Tabbou
Un pouvoir qui fait disparaître ses citoyens, ne serait-ce que pour quelques heures, n’est pas digne. Il n’est pas respectable. C’est un pouvoir condamné lui-même à disparaître, tôt ou tard. La violence lui est consubstantielle. Il ne pourra jamais s’en défaire. La violence est dans ses gènes. C’est son seul ADN. C’est sa seule histoire. Et il le prouve chaque jour davantage.
Il peut jouer au fréquentable, montrer des mains propres, agiter des mains Javellisées lavées de tous soupçons, de toutes les forfaitures et de tous les crimes d’avant, de maintenant et de demain, mais sa nature profonde le rattrapera toujours, elle sera plus forte que son désir de se travestir et de travestir sa propre image, salie par ses propres démons de tyrannie.
Il est presque minuit trente. Et nous ne savons toujours pas où se trouve Karim Tabbou.
Nous ne savons toujours pas quel est ce corps de la sécurité qui l’a kidnappé de chez lui, devant sa famille. Nous ne savons pas dans quel lieu sordide il a été embarqué.
Nous ne savons rien des raisons qui ont poussé cette hiérarchie mystérieuse à donner des ordres à des exécutants de basses besognes pour enlever d’une manière aussi brutale un homme politique. Quel délit a-t-il commis ? Et quel délit mérite de telles méthodes mafieuses ?
7 mois après le soulèvement de tout un peuple qui dit non à la dictature, non la répression, non à cette manière de faire et de gérer un Etat, un pouvoir aux abois, un pouvoir malade et paralysé, décide d’arrêter un opposant, de le faire disparaitre…
Arrêter les gens, les faire disparaître, les rendre invisibles, les empêcher de parler, les empêcher de s’organiser, les empêcher de prendre en main leur destin, c’est tout ce dont une tyrannie est en mesure d’offrir et espérer autre chose est une aberration.
Kidnapper un homme politique de cette manière ne relève pas des prérogatives d’un état digne de ce nom. Cette indignité est celles des méthodes d’une junte malade. Ces méthodes sont des méthodes de tonton macoute. Le pouvoir est en train de vaciller. Et cette brutalité dit sa défaite programmée, pas sa force retrouvée. Cette provocation tente la division. Elle mise sur notre colère.
Gardons notre lucidité. Gardons notre calme. Ce pouvoir est en train d’agoniser. Alors ne l’aidons pas à revenir à la vie. Enterrons-le dans le calme et la sérénité. Il a la mort pour seul avenir. Nous avons la vie, comme seule alternative.
Silmiya plus que jamais