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Saïd Belguidoum : «Le pouvoir est aux abois»

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Le sociologue franco-algérien Saïd Belguidoum prévoit une rentrée sociale explosive.

Enseignant et chercheur à l’Université d’Aix-Marseille, Saïd Belguidoum fait le point sur la mobilisation en Algérie qui dure depuis 25 semaines chaque mardi et vendredi. Selon lui, elle ne faiblit pas alors que l’armée joue sur l’usure du mouvement. Les arrestations, elles, ne sont là que pour satisfaire les apparences. Il explique que le mouvement est à la recherche de nouvelle forme d’actions et qu’un ou plusieurs jours de grève pourraient être une solution.

Dans cet entretien donné au Parisien, Saïd Belguidoum, estime que septembre devrait marquer un tournant pour le mouvement de contestation.

Où en est la situation en Algérie ?

Saïd Belguidoum. L’armée joue l’usure du mouvement de contestation. Elle donne en pâture à la rue un certain nombre d’arrestations de figures de la bande, un terme qui désigne l’ancien clan Bouteflika. Ahmed Gaïd Salah, le tout-puissant chef d’état-major, martèle constamment que l’armée nationale populaire est l’émanation de la nation. Dans ses discours il prête serment sur Dieu en espérant que cette référence à la religion trouve un écho dans le peuple. Mais tout cela échoue : malgré le temps qui passe, malgré la fatigue et la chaleur de l’été, la mobilisation est toujours forte et les gens ne se font pas avoir par les manœuvres pour tenter de diviser le mouvement.

Jusqu’où peut aller l’armée ?

C’est une inconnue. L’armée est certes toujours puissante mais elle est en plein désarroi, elle n’arrive plus à imposer ses messages. Dans les cortèges, la désobéissance civile est déjà en route. Les cadres militaires de second rang sont-ils prêts à exécuter le sale boulot qu’on pourrait éventuellement leur demander de faire? On ne sait pas s’il existe au sein de l’armée une nouvelle garde prête à s’opposer à l’ordre ancien.

La vague d’arrestations qui a frappé les proches de Bouteflika et certains patrons n’est pas un gage suffisant ?

Non, ces arrestations participent d’une pseudo-opération mains propres. C’est une opération de communication pour dire à la rue faites-nous confiance. Il est facile de faire des arrestations dans la mesure où le système algérien est fondé sur la corruption. Au sein même de l’appareil d’Etat, il est impossible de faire des affaires sans pratiquer la corruption. Ceux qui sont visés servent d’exemple et sont sacrifiés afin que le vieux système puisse se perpétuer.

Quel est l’enjeu autour de l’élection présidentielle ?

C’est une ritournelle du pouvoir qui devient vide de sens. Au départ, il voulait que la présidentielle se tienne le 4 juillet. C’était évidemment impossible. Gaïd Salah continue à dire qu’il faut organiser la présidentielle le plus vite possible afin que le nouveau chef de l’Etat conduise la transition. Mais le pouvoir sait bien qu’imposer rapidement un scrutin présidentiel serait un fiasco car aucun candidat sérieux ne se présenterait et les Algériens n’accepteraient pas que le scrutin soit une nouvelle fois biaisé. Le Parisien

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