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Mahmoud Rechidi : « Les arrestations sont une dérive dictatoriale »
Le secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST), Mahmoud Rechidi, a été l’invité de l’émission Timlilit (La rencontre) diffusée sur la chaine bèrberophone BRTV. Voir vidéo ci-dessous.
Mahmoud Rechidi est revenu notamment sur le mouvement populaire du 22 février, les détenus d’opinion et la participation de son parti au Pacte pour l’alternative démocratique.
A propos du mouvement du 22 février, il dira que «c’est la goutte qui a fait débordé le vase» de plus de 20 ans «d’autoritarisme et de politiques libérales qui ont détruit le tissu social et mis l’économie sur les railles de la faillite». Le mouvement est donc, selon lui, «un coup de frein» venu mettre fin aux pratiques d’un régime «qui devenait de plus en plus pourri par la corruption et l’autoritarisme».
Il qualifie, par ailleurs, l’arrestation de porteurs de l’emblème amazigh, du moudjahid Lakhdar Bougaâ et de la leader du Parti des Travailleurs (PT), Louiza Hanoune, de «dérives dictatoriales inadmissibles» dont le régime, incarné par l’armée, se sert pour «faire peur» aux manifestants qui sortent chaque semaine dans la rue pour demander le départ du système.
A ce propos, le leader d’extrême gauche a mis en avant la mise en place, à l’initiative du PST, du Réseau contre la répression qui agit sur le terrain pour défendre les détenus et, éventuellement, venir en aide matériellement à leurs familles. Il dira, à ce titre, que le réseau luttera sans relâche pour que ces détenus, arrêtés pour avoir exprimé leur avis, soient relâchés.
Interrogé sur les militants du MAK qui sont interdits de passeport depuis maintenant plusieurs années, il qualifie cette attitude de «dérive autoritariste» qui ne se base sur aucun cadre juridique, ajoutant que les personnes concernées «ont le droit de s’exprimer quelque soit leur opinion».
Revenant sur la question des présidentielles dont certaines parties proches du pouvoir s’agitent pour l’imposer comme solution, Mahmoud Réchidi estime que cette option vise à «garantir la continuité du système et maintenir Bouteflika sans Bouteflika».
Selon lui, «on ne peut pas changer de système sans changer les règles du jeu, c’est-à-dire la Constitution», car, estime-t-il, «la Constitution algérienne ne peut que produire des tyrans au vu de la concentration des pouvoirs qu’elle renferme autour d’une même personne ».
Pour le leader du PST, en revanche, la Constituante est la seule «réponse démocratique» à la crise actuelle et ce n’est qu’à travers elle que le peuple algérien va «reprendre son destin en main». Une revendication largement exprimée par les manifestants qu’il explique comme un moment de débat entre les Algériens, à travers des délégués qu’ils auront choisis, au cours duquel seront exprimés leurs choix économiques et sociaux pour aboutir, à terme, à une Constitution qui correspond à leurs aspirations.
Revenant sur le Pacte pour l’alternative démocratique dans lequel le PST est partie prenante, avec entre autres, le RCD, le FFS et le MDS, Mahmoud Réchidi expliquera que tous les participants s’accordent sur certains points comme le lancement d’un processus constituant souverain et une transition démocratique, un front contre la répression et pour la libération des détenus, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, la souveraineté du peuple sur les richesses du pays ou encore, la non utilisation du patrimoine ou de la religion comme moyen de prise du pouvoir.
Le pacte, explique-t-il, se donne comme objectif «de faire porter cette initiative par une majorité du peuple algérien, et ce en allant à la rencontre de la base». C’est ce point, d’ailleurs, qui fera l’objet de la Convention prévue pour fin aout, dit-il, avec comme objectif l’élargissement du Pacte aux forces politiques, personnalités et tous les citoyens qui veulent porter cette initiative au niveau populaire.
Idir F.