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Maître Salah Dabouz : « Je mettrai fin à ma grève lorsque ma plainte sera acceptée »
Maître Salah Dabouz, en grève de la faim depuis le 08 juillet dernier, refuse de mettre un terme à sa grève de la faim tant que la justice refuse d’accepter le dépôt de plainte de Mme Zahira Fekhar contre le wali de Ghardaïa, le procureur général de Ghardaïa, le juge d’instruction, le directeur de la prison et le directeur de l’hôpital qu’elle accuse du meurtre de son mari Kameleddine Fekhar. C’est ce qu’a déclaré Maître Salah Dabouz dans une vidéo diffusée par Marzoug Touati qui l’accompagnait de Ghardaïa à Alger.
« Je suis un avocat et je traite plusieurs dossiers. Je comprends ceux qui me demandent de mettre fin à ma grève de la faim. Mais je refuse de vivre opprimé par ce système « hagar » (méprisant et oppressant) et c’est ma façon de le combattre. Il y a des personnes qui ont assassiné le docteur Fekhar et on a essayé de déposer plainte pour ouvrir une enquête mais ils ont refusé d’accepter notre plainte. Je suis en grève de la faim jusqu’à ce qu’ils enregistrent la plainte de la femme de Fekhar. Ils ont refusé même d’enregistrer ma requête alors que je suis avocat. Je poursuivrai ma grève de la faim jusqu’au bout. Ceux qui veulent se solidariser n’ont qu’à m’aider à faire aboutir mon combat. Quand la justice enregistrera la plainte, ce jour-là je mettrai fin à ma grève », dira Salah Dabouz.
Le moral aussi fort qu’un roc même s’il a perdu quelques kilos du fait de sa grève de la faim et des déplacements Alger-Ghardaïa 3 fois par semaine, Maître Salah Dabouz tient à mener son combat jusqu’au bout. Revenant sur les circonstances du décès du docteur Kameleddine Fekhar qu’il qualifie « d’assassinat », Maître Salah Dabouz tient à faire éclater la vérité en déposant plainte contre cinq personnes qu’il estime complices.
« La plainte vise cinq personnes. Le wali car c’est lui qui a accusé Fekhar de séparatiste pour faciliter son discrédit aux yeux du peuple et légitimer son arrestation et ce depuis 2015. Le procureur général car c’est lui qui a mis Fekhar en prison alors que les Nations unies lui avaient signifié qu’il ne pouvait l’incarcérer pour les mêmes motifs ! Le wali a violé la loi algérienne et le procureur a violé les conventions internationales. Le juge d’instruction a déposé Fekhar en prison sans même avoir accès à son dossier. Il l’a mis en prison le 31 mars alors que son dossier a été ramené par la police le 2 avril. Comment peut-on mettre une personne en prison sans voir son dossier d’accusation ? Cela est un crime ! Le directeur de la prison a mis Fekhar qui était en grève de la faim dans une chambre de 2 mètres carrés. Il l’a laissé dans ces « toilettes » durant 28 jours, jusqu’à ce qu’il tombe malade. Le directeur de l’hôpital avait vu que Fekhar était malade mais il a refusé de lui prodiguer les soins nécessaires en le laissant mourir. Derrière chacune de ces cinq personnes il y a une bande et il faut que l’enquête nous révèle tout cela. », accuse Maitre Salah Dabouz.
« Refuser d’ouvrir une enquête est aux yeux de la loi un crime plus grave que le meurtre »
Maître Salah Dabouz est revenu sur ses démarches pour ouvrir une enquête et le les obstacles auxquels il a dû faire face. « Quand on est allé déposer plainte auprès du juge d’instruction de la deuxième chambre, ce dernier n’a même pas vu le dossier, vérifier si Madame Zahira Fekhar était le femme du docteur Fekhar. Il a juste vu que c’est une plainte contre des responsables algériens et c’est suffisant pour lui pour refuser d’accepter le dépôt de plainte ! Refuser d’ouvrir une enquête est aux yeux de la loi un crime plus grave que le meurtre. J’ai suivi les procédures et j’ai été à la chambre d’accusation. Ils ont même refusé de me remettre l’accusé de réception et refusé d’accepter même ma requête ! Comment voulez-vous que les gens ne s’immolent pas par le feu devant ce genre de situation ! Je suis contre le suicide mais à cet instant j’ai compris que l’on puisse s’imbiber d’essence et de s’immoler par le feu en plein tribunal de Ghardaïa ! Il faut que dans ce pays on puisse déposer plainte contre Gaïd Salah, contre Bouteflika ou contre le futur président ou encore contre n’importe quel responsable ! », s’indigne Maître Salah Dabouz.
A. G.