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L’Acte XX de la mobilisation ou la revendication d’une véritable souveraineté
Le mouvement populaire est entré dans une nouvelle phase qui se caractérise par une volonté claire de se recentrer sur sa revendication principale, à savoir le départ du système et la réappropriation de la souveraineté populaire.
Après plus de 4 mois de lutte, de victoires symboliques et malgré une avalanche de tentatives de divisions et une répression de plus en plus importante, la rue est à la recherche d’un nouveau souffle.
Le pouvoir réel représenté par Gaïd Salah cherche, depuis la mise hors d’état de nuire de Bouteflika, à affaiblir le mouvement et le diviser en usant de diverses manipulations et autres ruses. La dernière en date est évidemment l’étrange tentative d’interdire le drapeau amazigh dont l’unique but est d’isoler la Kabylie, une stratégie qui a été payante à chaque fois que le pouvoir en place l’a utilisée pour diaboliser la région frondeuse. Hormis les cachéristes, quelques islamistes qui ont toujours considéré la Kabylie comme un danger contre la propagation de leurs idées fascistes et un ramassis de racistes sans dignité ni valeurs, le peuple en lutte a su déjouer cette manœuvre grotesque et porteuse de dangers pour la stabilité du pays.
Le pouvoir dont l’unique préoccupation est de se maintenir et de préserver ses gros intérêts, quitte à mettre en péril l’unité et l’intégrité du pays, est en train de faire feu de tout bois pour tenter de s’extirper de l’agonie dans laquelle il est plongé depuis le 22 février.
La rue a déjoué les multiples manœuvres du pouvoir
Ni son opération «mains propres», ni ses discours soufflant le chaud et le froid, ni ses tentatives de division et d’intimidations qui se sont traduites par les arrestations tout aussi injustes qu’inacceptables n’ont eu raison de la mobilisation profonde et massive des masses populaires. Désespéré, le reste du régime issu du hold-up contre la direction légitime du mouvement national à l’indépendance est réduit à organiser des goulots d’étranglement autour des grandes villes du pays, notamment Alger.
En effet, des dizaines de barrages sont installés autour et dans la capitale rendant l’accès quasi impossible aux manifestants. Ainsi, tous les moyens de transport sont bloqués et l’accès à internet quasi inexistant. Rien n’y fait, la mobilisation bat son plein, malgré des températures caniculaires. En plus de cette mobilisation massive, les Algériens discutent entre eux des enjeux du mouvement, débattent sur les perspectives de la mobilisation et par voie de conséquence, la conscience politique va crescendo. C’est l’autre danger auquel le pouvoir fait face. L’état-major de l’armée devenu le pouvoir réel après que la rue a chassé le moribond Bouteflika, aidé de quelques clientèles et médias inféodés, s’est piteusement engagé dans une fuite en avant faisant fi des revendications de la rue.
La libération des détenus au cœur de la bataille du vendredi 05
Des campagnes de salissage visant des personnalités historiques comme l’ancien commandant de l’ALN Bouregaa et Djamila Bouhired, héroïne de la bataille d’Alger sont menées tout azimut afin de semer le doute et la confusion. Aussi, des tentatives de manipulations de l’opinion sont orchestrées d’une savante façon afin de détourner le peuple de ses revendications véritables, et de sinistres personnages à l’instar de l’innommable N. Salhi sont mis de l’avant distillant un racisme anti-kabyle aussi incompréhensible que dangereux pour l’unité du peuple. Cette énergumène n’est nullement inquiétée par la justice, malgré son incitation à la haine raciale alors que des jeunes manifestants sont arrêtés manu militari par des policiers pour avoir brandi le drapeau de l’identité nord-africaine et mis en prison par une justice aux ordres.
Ainsi, Gaid Salah et ses acolytes continuent à s’arc-bouter sur leur volonté d’organiser des élections présidentielles pour clore cette phase qu’il considère comme une simple crise. Le peuple a compris les visées de cette stratégie et la rejette de façon nette. Il sait, que par ce simulacre d’élections, le pouvoir ne cherche qu’à se redonner une légitimité, même infime, même fausse. Une légitimité qu’il utilisera, par la suite, contre la rue pour mettre au pas toute la société qui n’aurait, à ses yeux, plus aucune raison de se mobiliser. Par ailleurs, la rue a bien compris que le pouvoir est atteint d’une cécité politique manifeste et n’a aucune volonté de consentir à une mise en place d’une transition apaisée. Elle cherche à instaurer un rapport de force réel, en multipliant les initiatives pour contraindre le pouvoir à rendre au peuple souverain les clefs de la maison.
Le 05 juillet entre ferveur et mobilisation
C’est dans cet esprit de ferveur et de mobilisation que se prépare le tsunami du vendredi 05 juillet à l’occasion de l’acte XX de la mobilisation, date ô combien symbolique, car correspondant au 58ème anniversaire de l’accession du pays à l’indépendance. On parle de manifestations sans égales dans l’histoire de l’Algérie et des appels à la grève générale se multiplient également. La réponse se veut proportionnelle à l’entêtement du pouvoir. Tous les éléments indiquent que les marches populaires du vendredi 5 seront gigantesques. Tout en maintenant l’aspect pacifique, élément central de la doctrine du mouvement, la rue veut réaffirmer sa capacité à mobiliser massivement le peuple algérien décidé à ne plus jamais regarder en arrière, mais plutôt aller de l’avant afin de faire aboutir ses revendications.
Les initiatives politiques qui fleurissent çà et là suscitent l’intérêt des citoyens, même si les aspirations affichées ne sont pas encore à la hauteur des exigences de la rue qui scande toujours l’emblématique slogan ‘’Yetnehaw ga3’’ (ils doivent tous partir) qui ne signifie rien d’autre qu’une exigence de rupture radicale avec le système maffieux.
En l’absence de syndicats représentatifs implantés dans la classe ouvrière et de structures d’auto-organisation du mouvement, les appels anonymes à la grève générale lancés sur les réseaux sociaux ne suscitent pas l’adhésion massive des citoyens, même s’ils sont très nombreux à la souhaiter pour exercer une pression supplémentaire à même de contraindre le pouvoir à des concessions importantes.
Le dialogue impossible
Les récents appels du pouvoir au dialogue, dans un contexte marqué par des arrestations de militants politiques et de personnalités nationales, par le contrôle des médias publics et privés et la volonté de réprimer les manifestations poussent plutôt à rire si la situation n’était pas grave. La rue trouve très peu crédible ce type d’appel.
Face à l’idée du pouvoir illégitime d’organiser une présidentielle dans les meilleurs délais, le mouvement oppose une transition apaisée et déjoue minutieusement tous les pièges que lui tendent ces imposteurs pour le traîner dans la violence afin de justifier la répression. Face à un pouvoir sourd, aveugle et prêt à tout pour demeurer en place et préserver ses intérêts, le mouvement populaire ne veut absolument pas retourner à l’avant 22 février 2019. Il a décidé de prendre son destin en main. Il avance, sûr de lui-même et surtout décidé à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’aboutissement de ses revendications légitimes. Il cherche avec l’aide des bonnes volontés politiques, syndicales et sociales à trouver les meilleurs outils à même de chasser tous les symboles de ce régime agonisant.
M. Arroudj