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VOS : les travailleurs doivent s’organiser sous leur propre drapeau
Dans une déclaration parvenue hier mercredi 3 juillet à notre rédaction, la Voie ouvrière pour le socialisme (VOS) dénonce la répression exercée contre le mouvement populaire et exhorte les travailleurs à s’organiser sous leur propre drapeau et à se battre pour leurs propres intérêts. Document.
Après l’arrestation des manifestants porteurs de drapeaux Amazighs, l’interdiction du port de drapeaux palestiniens, la mobilisation d’un impressionnant arsenal répressif lors de la marche du 19ème vendredi, le régime met en prison M. Lakhdar Bouragaâ, un vétéran de la guerre de libération nationale.
A travers cette offensive qui s’accentue de plus en plus, les nouveaux tenants du pouvoir, œuvrent à intimider leurs opposants et à rassurer leurs partisans, en vue d’asseoir leur prépondérance politique à la veille de leur Conférence de transition prévue le 6 juillet prochain.
L’échéance du 6 juillet est importante pour le régime. Mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons croire que les nouveaux tenants du pouvoir s’emploient, uniquement, à régler leur crise institutionnelle. Force est de constater que l’Etat continue de fonctionner et la machine économique ne s’est pas arrêtée. Si le régime s’acharne sur un mouvement qui s’affaiblit et travaille à inverser les rapports de force en sa faveur, c’est par peur d’une jonction des luttes dans les périodes à venir. En effet, ce que redoute le régime c’est la crise économique qui pointe déjà son nez, menaçant de relancer le mouvement populaire et les grèves ouvrières.
Le pouvoir qui a réussi à limiter l’approfondissement de la crise par ses mesures politiques superficielles permettant d’augmenter les salaires de certaines catégories de travailleurs, de réduire les prix de certains produits sur le marché, de faire semblant d’entretenir le rythme de distribution de logements…, est conscient que cette politique ne peut être maintenue à moyen terme.
Cette politique conjoncturelle montre, d’ors et déjà, ses limites. La fermeture de l’entreprise ENIEM pour manque de matières premières et le renvoi des travailleurs en congé forcé, montrent l’inconséquence des décisions prises par le gouvernement Bedoui consistant à intervenir pour sauver les entreprises en difficulté.
L’Etat n’a pas l’intention de faire payer la crise à ceux qui ont volé des milliards. Comme solution à cette crise, il va faire comme tous les gouvernements ; s’attaquer au monde du travail et faire payer la crise aux travailleurs. Salim Labathca, fraîchement désigné à la tête de l’UGTA avec la bénédiction des nouveaux tannants avait tenu à préciser que son combat sera consacré au maintien de l’outil de production. En d’autres termes, il va nous ressasser les mêmes arguments prônés par son prédécesseur pour obliger les travailleurs à sacrifier leurs revendications au nom de «la défense de l’économie nationale».
Face à cette menace, les travailleurs ne doivent pas à se laisser diviser entre les deux blocs qui se dessinent sur la scène politique. Si le jeu du régime est clair, celui des partis bourgeois qui essayent de récupérer notre mouvement, ne se soucie aucunement de nos intérêts.
Les partis et les notables bourgeois qui font semblant de résister au pouvoir ne peuvent pas changer le régime. Ils ont plutôt pris le risque de conduire le hirak dans l’impasse que de lui donner des perspectives pour le renforcer. Leur refus d’intégrer les revendications des travailleurs et les aspirations populaires, leur choix de s’appuyer sur ces mêmes magistrats qui prononcent aujourd’hui des verdicts contre les manifestants et leurs manœuvres sournoises contre les grèves ouvrières des premiers mois du Hirak ne traduisent pas leur incompétence. C’est un choix politique que ces défenseurs des patrons algériens et étrangers ont adopté pour se prémunir d’une prise de conscience des travailleurs et démunis de leurs propres intérêts.
Encore plus dangereux, les fronts racistes qui se cristallisent autour de la badissia-novembria d’un côté et du MAK de l’autre, ne doivent pas nous duper. Les ouvriers ne sont ni des «zoauves», ni des «lécheurs de rangers».
Comment pouvons-nous résister demain dans le cas où ces divisions racistes, régionales ou politiques affectent nos rangs ? Rappelons que les politiques antisociales et la vague de licenciement des 700 000 salariés durant les années 90 n’avaient pas épargné les travailleurs «réconciliateurs anti-systèmes» ni les travailleurs «éradicateurs pro-système», par contre cette politique avait fait le bonheur de tous les patrons qu’ils soient islamistes ou laïcs.
Les travailleurs sont les frères d’une seule classe sociale qui ont intérêt à renforcer leur unité. Cette unité se réalisera par leur regroupement dans leurs propres organisations et autour de la défense de leurs propres intérêts.