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Alignement et allégeance…

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Le CAMAN revendique une Assemblée Constituante

Nous reproduisons ci-dessous l’éditorial de « Minbar El Oumal » (Tribune des travailleurs, n°20 du 2 juin), une publication du Comité d’Organisation des Socialistes Internationalistes d’Algérie (COSI).

Le Conseil constitutionnel du régime a annoncé l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain et le prolongement du mandat à la tête de l’Etat d’Abdelkader Bensalah pour une période indéterminée. Il lui enjoint également de fixer la date de la prochaine élection présidentielle. Il s’agit d’une situation inédite et non prévue. Toutes ces décisions sont illégales, y compris au regard de leur propre légalité. 

Après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, c’est un second échec pour le régime et son nouvel homme fort le chef d’état-major Gaïd Salah directement à imputer au mouvement populaire.   

Même le journal gouvernemental « El Moudjahid » de ce dimanche en convient : « le mouvement populaire a réussit son pari » de traverser le mois du ramadhan sans perdre de sa force, de sa détermination et de ne rien céder de ses aspirations. Parfaitement exact… et pourtant le régime est toujours en place. 

Pourtant le mouvement ne faiblit pas. S’il en fallait encore une preuve les étudiants qui sont sortis massivement mardi 27 mai, l’éclosion de nombreuses grèves, et les millions de citoyens l’ont fourni à la face du monde ce vendredi 31 mai. 

Dans toutes les villes du pays, c’est un peuple tout entier qui s’est emparé des rues et des places pour exprimer ce qu’il ne veut pas, ce qu’il veut et s’en prendre à ceux qui se mettent en travers de sa route. 

Pour les masses, les choses sont claires. Elles l’ont scandé une nouvelle fois, d’Alger à Tamanrasset et d’Oran à Annaba : « Non à l’élection présidentielle », « système dégage » ; en direction de l’homme fort du régime « Gaid Salah dégage » et « le peuple ne s’oppose pas, il impose » ; en direction de tous les manipulateurs cherchant à diviser les masses, notamment les télévisions privés, elles ont sorti de nouveaux slogan : « Ya ennahar le peuple algérien est un peuple conscient » et « la mafia tente d’embraser la division mais nous nous l’éteignons ». Washington, Paris, Ryad, les Emirats, et Sissi sont houspillés et en prennent pour leur grade.

Le régime est certes atteint depuis le 22 février mais il survit et agit. Le Conseil constitutionnel sur les ordres de Gaïd Salah prend acte de l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle mais maintient le cap sur elle, à une autre date, pour tenter de sauver le système.

Anticipant cette nouvelle situation, Gaïd Salah a dans son discours hebdomadaire tendu la main aux responsables politiques et à ceux de la prétendue société civile pour engager « un dialogue responsable » pour trouver « des solutions de compromis » à la crise, avec cette précision qu’en tout état de cause, il faudra respecter l’actuelle Constitution, c’est-à-dire de passer coûte que coûte par une élection présidentielle. 

Et cette fois la main a été saisie. Par les quatre partis de l’ex-Alliance présidentielle. C’est dans l’ordre des choses. Mais aussi et successivement par certaines grosses cylindrées de la dite opposition : Ali Benflis, le MSP et tous les partis islamistes, de nombreux ex-premiers ministres dont Ahmed Benbitour de la prétendue « Moutawana » (il reprend désormais dans ces interviews les mots du chef d’état-major disant qu’il ne faut plus dire « on les enlèvera tous »). En un mot, « la classe politique » a décidé de s’aligner sur la hiérarchie militaire. Sur la ligne de départ, elle n’attend plus que le signal du starter pour s’élancer. 

Celui-ci pourrait venir à l’achèvement d’un processus engagé, dans le dos du mouvement populaire, par 30 associations de « la société civile » qui ont élaboré un plan de sortie de crise en trois points : constitution d’un présidium pour gérer la période de transition, la formation d’un gouvernement de techniciens, la création d’une structure d’organisation et de contrôle de l’élection présidentielle. Elles tiendront « une conférence nationale » le 15 juin prochain pour adopter le document. Elles se tourneront ensuite vers les partis politiques pour les associer à leur démarche.

Il est fait grand bruit autour de cette initiative dans les médias parce qu’elle ouvre la voie à « la classe politique » qui pourra ainsi la saisir et trouver prétexte pour engager le dialogue avec la hiérarchie militaire. Ces partis politiques pensent que les risques sont moindres que si le dialogue étaient direct et immédiat car les associations, dont de nombreuses ne représentent pas grand-chose, déclarent agir pour le mouvement populaire. 

N’ayons pas peur des mots, il s’agit d’une trahison du mouvement populaire de ses revendications et aspirations par des associations qui finalement n’ont été depuis le 22 février que des chevaux de Troie. 

Parmi ces associations, on trouve la Confédérations des Syndicats Autonomes (CSA). S’ils s’obstinent à poursuivre dans cette voie, ses responsables tourneraient le dos à leur mandat de soutenir les revendications des masses comme cela a été exprimé avec éclat dans la grève générale du 10 avril et encore récemment le 1er mai. 

Il n’est pas trop tard pour que ceux qui ont décidé d’engager la CSA dans cette aventureuse périlleuse de retirer la signature de la confédération, de rompre avec cette politique de compromission et de renouer avec la politique de mobilisation des travailleurs pour en finir avec le système.

Il n’y a qu’une voie pour respecter la volonté du peuple travailleur à décider de son avenir, c’est d’engager le combat pour la convocation et l’élection de l’Assemblée constituante souveraine qui réponde positivement à ses aspirations démocratiques et sociales. 

Dans ce combat, les travailleurs ont une place déterminante. Ils peuvent et doivent en prendre la tête en se saisissant de leurs organisations, assurer leur indépendance et pour qu’elles lancent l’appel à préparer et à organiser la grève générale afin d’en finir avec le système.

Dans ce combat, il est indispensable d’aider les masses à conforter la constitution de toutes les formes d’organisations autonomes nécessaires à imposer leur volonté : les organismes de combat pour la réappropriation de L’UGTA, les comités populaires dans les villages et les quartiers, et leur coordination, les comités autonomes chez les étudiants… Bref tous les organes qui peuvent prendre en charge la lutte pour de véritables élections libres à une Assemblée constituante souveraine. 

Dans cette voie, tout est possible ! Le Comité d’Organisation des Socialistes Internationalistes (COSI), parce qu’il combat sur cette orientation, ouvre la discussion et cherche de toutes ses forces à regrouper les militants engagés dans la lutte des classes pour construire ensemble l’instrument qui manque tant aux travailleurs : le parti ouvrier.

In Minbar El Oumal du 2 juin 2019

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