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Une présidentielle contre le peuple
L’on ne sait si la sortie de Gaïd Salah a surpris l’opinion, ou au contraire, celle-ci, sans trop d’illusions, n’en attendait pas plus de sa part. A savoir sa détermination à maintenir l’option d’une présidentielle, conformément aux dispositions constitutionnelles, en opposition à la revendication populaire du rejet de tout le système préalablement à la tenue de toute élection.
Le chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense, tient donc, contre vents et marées, à une présidentielle « constitutionnelle » quand bien même il est plus qu’évident que celle-ci est plus que jamais compromise, autant d’un point de vue technique que politique.
Car, enfin, à la clôture du délai de dépôt des dossiers de candidatures au Conseil constitutionnel, et à moins de 3 mois du 4 juillet prochain, où sont les candidats qui pourraient être retenus retenues, qui sont-ils, et par quels espèce d’extraordinaire prouesse pourront-ils collecter le nombre de signatures requis pour justifier de leurs candidatures ?
Par ailleurs, se risqueraient-ils à faire « campagne » en plein « hirak » hostile ? Et même s’ils s’y aventureraient, quel crédit aurait un candidat du « peuple »… rejeté par le peuple ?
Le chef d’état-major et la hiérarchie militaire, en sont à l’évidence tellement conscients qu’il est d’autant plus sidérant qu’ils en soient encore à vouloir y aller !
A moins que le délai du 4 juillet ne soit plus de mise et que l’échéance électorale soit reportée, sachant que Gaïd Salah, dans son intervention, à partir de Ouargla, a comme « omis » de mentionner la date butoir du 4 juillet. Faut-il donc espérer qu’il ya de la marge pour une espèce de compromis salvateur entre le chef d’état-major et le mouvement populaire ? Rien n’est moins sûr, hélas.
C’est que, du fait même que le vice-ministre de la Défense tienne à ce que la Présidentielle se déroule conformément aux dispositions constitutionnelles, la date du 4 juillet, est de facto retenue, la mission du chef de l’Etat prenant fin le 9 juillet prochain…
Encore faudrait-il que, quelle que soit la date à laquelle se tiendrait l’élection, l’on accède à la revendication populaire quant au départ des « 3B », notamment et surtout, le Premier ministre, et le chef de l’Etat. Ce qui ne semble pas être acquis, du moins le mouvement populaire n’entrevoyant aucun signe dans ce sens.
Est-ce en prévision des conséquences de cette impasse que Gaïd Salah, semble avoir repris son ton menaçant à l’endroit de l’insurrection populaire l’appelant à «revoir la manière d’organiser ces manifestations » avertissant contre « des entités qui tentent sciemment de nous mener vers le vide constitutionnel » ? Il y a tout lieu de penser que le chef d’état-major a décidé d’engager, franchement cette fois, un bras de fer avec le mouvement populaire dont on est en droit de craindre le pire.
Hakim Outoudert