Politique
Des manœuvres qui menacent le mouvement populaire
Malgré les stratagèmes, les ruses et les menaces du système mafieux toujours en place et le ramadan, le mouvement populaire poursuit, décidé, sa marche vers la rupture radicale avec les pratiques du passé et pour un avenir débarrassé des oppressions et des injustices.
Après près de 2 mois de mobilisation massive où le peuple a exprimé de façon nette sa volonté d’accéder à un nouveau mode de gestion des affaires du pays, les tenants du pouvoir et leurs alliés dans le kachirisme sous toutes ces formes (politiques en cours de recyclage, médias sans âmes, soumis au maître du moment et qui n’ont en réalité de médias que le nom, fausse opposition, parvenus qui se voient déjà et la liste est longue) ne veulent pas s’avouer vaincus.
Une parenthèse provoquée !
L’état-major de l’armée veut fermer ce qu’il considère comme une « parenthèse provoquée ». La guerre déclarée entre les deux clans au pouvoir, représentés par le chef actuel de l’état-major de l’armée d’un côté et l’ancien chef du DRS de l’autre, semble momentanément gagnée par le premier qui a fini par mettre hors d’état de nuire l’ennemi qui a toujours constitué sa cible de choix, du moins dans ses différents discours.
À l’aune des récents développements, on comprend mieux le fait que Gaïd Salah se préoccupait plus de la guerre qu’il menait au clan adverse qu’aux revendications et aux demandes de la rue. Depuis l’arrestation de Toufk et de Tartag, il est plongé dans un mutisme total et a préféré laisser le soin à un éditorialiste de la revue El Djeïch de commenter l’actualité au lieu de ses discours hebdomadaires auxquels il a habitué le peuple.
Considère-t-il avoir déjà gagné la guerre ?
Nous serions tentés de répondre par l’affirmative en lisant l’éditorial de la revue El Djeïch. En effet, on y rejette, sans surprise, toute idée de période de transition et les hommes forts du moment ne voient comme perspective que leur mascarade électorale du 04 juillet prochain. Toute autre revendication, toute autre proposition, toute autre prise de position est considérée comme un complot visant la stabilité du pays. Chacun en prend pour son grade. Tout le monde est accusé, tout le monde est coupable et tout le monde est menacé.
On tente maladroitement d’apparaître aux côtés du peuple, tout en niant ses revendications. Ils accusent ceux qui rejettent les positions de Gaïd Salah comme des ennemis de l’ANP. Un flou artistique dangereux.
Le peule ne rejette pas l’armée quand il refuse, à juste titre, les dérives d’un chef qui a été au cœur du système Bouteflika et qui a cautionné tous les dévoiements que nous connaissons. Quand la rue scande « khawa, khawa », il faut entendre par là avec l’institution et non avec ceux des deux clans qui font tout pour étouffer et discréditer le mouvement. Car enfin cette intransigeance du pouvoir de fait de l’armée est aventuriste et porteuse de graves dangers.
Au-delà de la lutte des clans
Les luttes intestines que l’on exploite pour se replacer sur le terrain politique ne nous intéressent pas. Le peuple veut un changement, veut faire ses propres choix comme il est rappelé dans l’éditorial évoqué ci-dessus, mais par de vrais scrutins organisés par des gens propres et après un débat ouvert et franc et non par des simulacres d’élections dont les résultats sont connus d’avance et dont le but inavoué est de sauvegarder le système pourtant si décrié.
La rue doit clarifier ses mots d’ordre, notamment ce ‘’Djeïch châab khawa khawa’’ et distinguer entre l’institution militaire et certains de ses chefs qui ont cautionné toutes les dérives. Elle doit également prendre garde aux alternatives prises çà et là pour imposer des hommes pour une transition aux contours et aux objectifs inavoués.
La mobilisation doit impérativement continuer, car nombreux sont les prédateurs qui rôdent et guettent le moindre de ses faux pas.
M. A.