Adel Abderezak : « La nécessité de basculer vers un stade supérieur dans les luttes populaires »

Le syndicaliste Adel Abderezak, professeur d’économie, militant politique de gauche et ancien porte-parole et membre fondateur du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), revient dans ce post publié sur sa page facebook sur la situation actuelle du mouvement populaire et l’urgence de passer à un stade supérieur dans sa représentation, sa structuration et ses formes de lutte. Nous reproduisons ci-dessous la contribution de Adel Abderezak avec son aimable autorisation.

L’armée revient en force dans la direction politique du pays à travers un semblant de Bonaparte qui personnalise sa position de pouvoir en malmenant le clan Bouteflika et ses oligarques, tout en apportant sa caution mesurée aux revendications du mouvement populaire !

Ce rôle de balancier se fait dans un brouillage des enjeux, dans des actions « mains propres » anti-corruption douteuses et par une réhabilitation de la justice par des justiciers aux ordres et non une justice de droit.

Les rapports de force entre le mouvement populaire et le pouvoir remilitarisé ont évolué mais n’ont pas changé !

On est à un tournant décisif où le vendredi peut se diluer dans un rituel de « protesta » basé sur une communion et la fraternité populaire nécessaires à une société ghettoïsée depuis longtemps s’il n’y a pas un saut qualitatif dans la représentation et la structuration.

On est à un tournant décisif car la lutte de clans traduit plus une reconfiguration d’un système vomi par l’expression populaire qu’une prise en compte sérieuse de ce que veut le peuple. La capacité de nuisances de ces clans est sans limites et peut prendre des contours tragiques !

Donnons du sens à cette dynamique populaire en privilégiant les forums et les débats d’idées et bousculons les rapports de forces en passant à un nouveau stade des luttes populaires, la désobéissance civile et la perspective de la grève générale.