Qui cherche à instaurer l’état de siège ?

Il y a comme un changement de braquet au sein de l’état-major de l’armée ces derniers jours.

Ahmed Gaïd Salah s’impatiente de la mobilisation qui ne faiblit pas. Homme de sérail, il n’a pas l’habitude de voir le peuple algérien si mobilisé et déterminé pour revendiquer ses droits. Tous ses droits. D’où les premières décisions de répression qui se sont matérialisées à Alger ce mardi avec la répression des étudiants.

Mais, il n’y a pas qu’Alger qui est vent debout contre la désignation d’Abdelkader Bensalah président par intérim. De nombreuses wilayas ont connu des marches pacifiques, pendant que le parlement levait la main à l’unisson en faveur de cet homme de 77 ans.

Ce qui ne plaît pas du tout à Gaïd Salah, et les autres anciens serviteurs de Bouteflika encore aux affaires. Donc pour couper court à toutes ces marches, il se pourrait que Gaïd Salah soit tenté d’aller vers l’instauration de l’état d’urgence. Les derniers avertissements sur la guerre qui a lieu en Libye participent de cette volonté de préparer aux Algériens à cette grave décision qui viendrait couper l’herbe sous les pieds du mouvement populaire. L’argument de préparer la présidentielle dans la sérénité pourrait être aussi avancé.

Car, c’est se méprendre de la psychologie du vice-ministre de la Défense que de prendre ses assurances comme des vérités absolues. Le vice-ministre de la Défense sait qu’il fait partie du problème. L’homme a servi en bon soldat Bouteflika avec détermination jusqu’à la dernière minute. Alors, avec la meilleure volonté du monde, il ne peut tout chambarder d’un coup.

Et vu la détermination des millions d’Algériens à faire aboutir leur revendication, il y a fort à parier qu’Ahmed Gaïd Salah soit tenté par cette solution brutale. Seule une mobilisation impressionnante vendredi prochain pourrait participer au changement de la donne et forcer les forces en présence à aller vers une vraie transition.