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Passe d’armes entre l’Elysée et Benalla autour de ses passeports diplomatiques
Selon les révélations du Monde et de Mediapart, Alexandre Benalla aurait conservé deux passeports diplomatiques et les aurait utilisés pour ses nouvelles activités, malgré son licenciement.
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé ce vendredi 28 décembre qu’il va saisir le procureur de la République pour voir plus clair au cas de cet ancien employé de la présidence mis en examen pour des violences lors des manifestations du 1er mai. Si le principal concerné affirme qu’il les a rendus, l’Élysée l’infirme et l’affaire est pourtant sérieuse, car Alexandre Benalla risque d’être accusé de parjure.
« J’ai laissé le document dans mon bureau », avait déclaré Alexandre Benalla le 19 septembre dernier devant la Commission d’enquête du Sénat, parlant du passeport diplomatique qu’il aurait dû rendre après avoir été licencié du cabinet d’Emmanuel Macron. Ce jeudi 27 décembre, pourtant, Mediapart révélait qu’il l’avait toujours en sa position et qu’il l’utilisait pour se rendre en Afrique ou en Israël.
Le gouvernement était obligé de réagir. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a ainsi annoncé son intention de saisir le procureur de la République pour en savoir plus. L’initiative peu sembler un peu étonnante, puisque le Quai d’Orsay déclarait également avoir réclamé à deux reprises ce fameux passeport à Alexandre Benalla en juillet et en septembre 2018. Ce qui avère que le ministère savait bien qu’il l’avait toujours en sa possession.
Le principal intéressé est également sorti de son silence par la voix de son entourage : il répète qu’il a bien rendu le passeport à son départ de l’Élysée, mais qu’« ensuite on les lui a restitués » début octobre.
Par conséquent, l’une des parties ment dans cette histoire. Si c’est Alexandre Benalla, il risque gros, car sa déclaration devant les sénateurs pourrait lui couter cher : le parjure est puni d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Bras de fer à distance entre l’Élysée et M. Benalla
En attendant, la présidence de la République et Alexandre Benalla se sont livrés à un bras de fer à distance.
Alexandre Benalla était l’homme de confiance d’Emmanuel Macron. Désormais, l’Élysée fait tout pour prendre ses distances avec l’ancien collaborateur, quitte à laver son linge sale en public. À coups de communiqués, la présidence a rejeté la faute sur Alexandre Benalla. L’Élysée « ne dispose d’aucune information » si son ex-collaborateur a utilisé ses passeports diplomatiques, notamment pour voyager en Afrique et en Israël, et l’entourage du chef de l’État aurait bien demandé aux services compétents de récupérer les passeports. Cela dès son licenciement.
Faux, répond dans la foulée l’entourage d’Alexandre Benalla, dans un étrange face à face étalé dans la presse, affirmant n’avoir « jamais eu » de relance pour rendre ses passeports comme l’affirme le Quai d’Orsay.
Emmanuel Macron demeure invisible, depuis son déplacement au Tchad à Noël. Le président voulait profiter des vacances de fin d’année pour donner un nouvel élan à son quinquennat, tourner la page des manifestations des « gilets jaunes ». Mais le voilà renvoyé à l’affaire qui avait déjà pourri sa rentrée. Le chef de l’État ne devrait reparler aux Français que lundi 31 décembre au soir pour les traditionnels vœux de la nouvelle année. RFI