Mémoire
Germaine Tillion raconte sa rencontre avec Yacef Saadi
Germaine Tillion, ancienne membre du réseau du Musée de l’homme sous l’Occupation, et responsable des Centres sociaux a défendu les droits des Algériens. Elle raconte ici sa rencontre avec Yacef Saadi à Alger en 1957.
Sa rencontre avec le chef FLN Yacef Saadi, en juillet 1957, visant à obtenir une trêve des attentats, avait été qualifiée de « saloperie » par Simone de Beauvoir. La fondatrice des centres sociaux, organismes visant à lutter contre la pauvreté des populations algériennes, comme l’observatrice intraitable qu’elle a voulu rester, sera toujours la cible des borgnes et des ultras.
« Il se trouve » que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; « il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et « il se trouve » qu’elles correspondaient en moi à des blessures ; « il se trouve », enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C’est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu’aucune n’a cassé, que je n’ai ni rompu avec la justice pour l’amour de la France, ni rompu avec la France pour l’amour de la justice. » écrit-elle dans une lettre ouverte à Simone de Beauvoir, 1964.
Germaine Tillion, ce sont aussi les Aurès. Ethnologue, elle est partie dans les années 1930 à la découverte sur le terrain de cette région farouche d’Algérie.