Mémoire
Alanis Obomsawin, la voix des autochtones du Canada, s’exprime
Dans ce document audiovisuel enregistré le 22 juillet 1964, la jeune Alanis Obomsawin souligne l’apport des indiens autochtones à la société dans un entretien avec le journaliste Jean Ducharme.
Alanis Obomsawin profite aussi de cette tribune pour défaire certaines perceptions. Agacée par certaines questions de l’intervieweur Jean Ducharme, notamment sur l’intégration, elle n’hésite pas à le confronter : « Vous allez demander à n’importe quel Indien, il va toujours vous dire : je suis Indien, ça finit là. N’essayez pas de lui faire dire autre chose : il est indien! Je sais que pour vous ça n’a aucun sens que moi je vous dise ça. Je vis ici, je travaille ici, je vais chez nous, mais vous ne me ferez jamais dire que je suis autre chose. Je suis une Indienne, c’est tout »
En 1971, Alanis Obomsawin n 1971, cette voix forte et enracinée allait marquer le cinéma canadien avec la réalisation d’un premier documentaire, « Christmas at Moose Factory ». Pour la première fois au Canada, un film permet de découvrir les réalités autochtones de l’intérieur, racontées par ceux et celles qui les vivent. Une particularité qui caractérisera toute l’œuvre de la cinéaste.
La cinéaste, militante et chanteuse abénaquise se verra consacrer une murale au centre-ville de Montréal.D’origine abénaquise, Alanis Obomsawin est née le 31 août 1932 dans l’État du New Hampshire, aux États-Unis. Elle a 6 mois lorsque sa famille revient au Québec et s’installe dans la réserve d’Odanak, d’où sa mère est originaire.
À 9 ans, elle déménage à Trois-Rivières. Seule enfant autochtone de son école, elle connaît peu le français, et pas du tout l’anglais. À cette époque, les livres d’histoire du Canada parlent encore de son peuple comme de sauvages sans foi ni loi. Elle subit sarcasmes, abus et préjudices. Les chants et les légendes qui lui ont été transmis pendant toute son enfance lui servent alors de refuge. Lorsqu’elle perd son père à l’âge de 12 ans, elle prend la résolution de ne plus jamais se laisser bafouer et acquiert peu à peu la conviction qu’elle doit donner une voix à son peuple.
Dans les années 1950, elle fréquente un noyau d’artistes dont fait notamment partie Leonard Cohen. Elle commence sa carrière d’auteure, de chanteuse et de conteuse en 1960 à New York. Elle est remarquée par l’Office national du film du Canada (ONF), où elle entre à titre de conseillère en 1967. En 2017, elle compte plus de 30 documentaires à son actif, comme scénariste, réalisatrice et productrice.
Auteur-compositrice-interprète, elle réalise le disque Bush Lady en 1988, où se mêlent chants traditionnels et compositions.
Alanis Obomsawin a reçu les plus hautes distinctions en reconnaissance de son immense contribution et de son engagement social. Ses documentaires ont été récompensés par plus d’une trentaine de prix internationaux.
Avec Radio Canada