Mémoire
M’hamed Issiakhem, la peinture comme résistance
M’hamed Issiakhem est entré tôt dans la vie par la voie de la souffrance. Le tragique, avec notamment l’épisode la grenade qui lui a explosé entre les mains, le rendant presque handicapé. Cet épisode pourrait avoir été déterminant dans la vie de l’artiste. En juillet 1943, avec son grand frère et d’autres amis, ils volent dans un dépôt d’armes américain un objet dont ils ignorent la nature et la dangerosité.
Le lendemain il a dégoupillé une grenade, tuant ses deux jeunes sœurs et son neveu qui jouaient avec lui. Issiakhem survit mais, à quel prix ? Après plusieurs amputations, il perd son bras gauche dont il ressentira toujours le poids fantôme.
Le peintre M’hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 dans la région des Aït Djennad en Kabylie. Enfant, il est emmené par son père à Relizane, dans l’ouest algérien. Même hospitalisé, Issiakhem dessinait. Avant de mourir d’un cancer le 1er décembre 1985, le peintre travaillait sur un tableau devant lequel il était d’ailleurs tombé dans le coma.
L’écrivain Benamar Médiène écrit : « Issiakhem est peintre au cœur du monde comme l’est Kateb Yacine, en poésie. Il n’est ni peintre du terroir, ni ethnographe de génie, il montre ce qui vaut la peine d’être vu et unit, par le jeu de la lumière sur l’espace, l’homme au monde et l’homme à l’homme. »